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ÉDITO - "La France Insoumise, est un mouvement clanique, voire sectaire", estime Alba Ventura
La députée LFI Raquel Garrido a été sanctionnée par le bureau de son groupe parlementaire après avoir accusé Jean-Luc Mélenchon de "nuire" au mouvement. Une sanction qui interpelle et souligne le caractère "sectaire" du parti, selon Alba Ventura.
Raquel Garrido au Havre le 24 août 2023.
Crédit : LOU BENOIST / AFP
La mise à l'écart de la députée LFI Raquel Garrido par son propre groupe à l'Assemblée continue de faire des vagues chez les Insoumis. Clémentine Autain, la députée de Seine-Saint-Denis a pris la défense de sa collègue en attaquant. "Le parti ne se renforce pas en s'épurant", dit-elle. Parler d'épuration, c'est fort. Chez les Insoumis, vous savez bien qu’on est rarement dans la nuance. Mais ce que veut dire Clémentine Autain c’est que ce parti, La France Insoumise, est un mouvement clanique, voire sectaire. Soit vous êtes dans les petits papiers du chef, totalement soumis, et tout va bien, soit vous êtes "insoumis" et vous pouvez être banni du jour au lendemain. C’est le tribunal populaire qui vous juge, qui vous exclut. Ils ont repris le pire du communisme lorsque les contestataires étaient les ennemis de l’intérieur.
Et Clémentine Autain a raison de dire qu’il y a deux poids deux mesures dans ce parti. Parce que Daniele Obono qui parle du Hamas comme un mouvement de résistance, on ne la sanctionne pas. Sophia Chikirou, on ne la questionne pas sur ses agissements pas très clairs au sein du parti. Et parce que Raquel Garrido a critiqué le Gourou (Jean-Luc Mélenchon), et le fonctionnement de la France Insoumise, on la musèle 4 mois, autant qu’Adrien Quatennens condamné pour violence conjugale. Dire du mal de son parti, c'est donc aussi grave que de mettre une gifle à sa femme ? C’est un concept !
Aujourd’hui, il y a des frondeurs dans tous les groupes politiques à l’Assemblée.
Alba Ventura
Mais dans d'autres formations politiques, y a-t-il eu des exclusions, des mises en retrait pour avoir contesté la ligne ? Au sein des partis politiques, oui c’est arrivé, au sein des groupes politiques à l’Assemblée, pas vraiment. D’abord, on ne peut vous démettre de votre mandat de député, parce qu’à l’Assemblée, le député a une légitimité, qui vient de son élection. Souvenez-vous au Parti socialiste, il y a eu des frondeurs, donc des gens qui n’étaient pas sur la ligne, en l’occurrence de Manuel Valls, mais ils n’étaient pas empêchés de prendre la parole, bien au contraire, on n’entendait qu’eux.
Et aujourd’hui, il y a des frondeurs dans tous les groupes politiques à l’Assemblée. Au sein d’un parti, c’est différent parce que vous êtes nommé par le chef ou la direction du parti et on peut vous défaire à tout moment. Chez LR, on ne fait pas de quartier. Guillaume Peltier avait été démis de son poste de vice-président pour accointance avec Éric Zemmour. Aurélien Pradié pour avoir été en contravention avec son parti sur la réforme des retraites. Gaël Perdriau pour avoir critiqué Éric Ciotti. Comme le dit un ancien élu de droite, "et dans les temps anciens, on vous réglait aussi votre compte à l’élection suivante, en faisant en sorte que vous ne puissiez pas être candidat".
Elle sait que quitter le groupe serait un bien trop joli cadeau fait à Jean-Luc Mélenchon et ses amis.
Alba Ventura
Mais pourquoi Raquel Garrido ne quitte pas le groupe LFI, puisqu'elle dit vivre cela comme une "humiliation" ? Elle pourrait quitter le groupe et ne plus être avec les Insoumis, elle pourrait siéger par exemple chez les non-inscrits, mais vous savez Raquel Garrido est avocate, elle sait se défendre, et riposter. Et surtout, elle sait que quitter le groupe serait un bien trop joli cadeau fait à Jean-Luc Mélenchon et ses amis.
Parce que, Raquel Garrido est privée de parole pendant 4 mois, ce qui veut dire qu’elle ne peut pas, au nom de son groupe, poser des questions au gouvernement à l’Assemblée ou prendre la parole lors des motions de censure. Mais en dehors de l’Assemblée, dans les médias, qu’est-ce qu’il en empêche ?
Une menace pour les Insoumis ?
Ce n’est pas Raquel Garrido qui est une menace pour les Insoumis. Ce qui est une menace c’est leur incapacité à s’entendre. C’est la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, excessive, décriée. En quelques semaines, l’alliance qu’il a inventée (la Nupes) a pris l’eau, dans les enquêtes d’opinion, il est rejeté par les Français, et vous ajoutez à cela un risque d’implosion chez les Insoumis. 2022 avait été l’année Mélenchon. 2023 est l’annus horribilis de Mélenchon
