ÉDITO - Une crèche "Anne Frank" veut changer de nom : "Une mémoire, ça se défend, ça ne s’efface pas"

Dans le nord-ouest de l'Allemagne, une école envisage de renoncer au nom d’Anne Frank. À Tangerhütte, une commune de 10.000 habitants, la directrice de ce jardin d’enfants, qui existe depuis les années 1970, a tranquillement expliqué que l’établissement voulait se débaptiser parce que le nom d’Anne Frank n’est pas adapté aux plus petits. Mais aussi, parce que certains parents issus de l’immigration ne se reconnaissent pas dans ce nom et parce qu’au nom de la diversité, "nous voulions quelque chose sans arrière-plan politique".

Alors disons-le clairement, si certains parents ont du mal à mettre leurs enfants dans une école qui porte le nom d’une ado juive déportée, c'est leur nom qu’on doit rayer des listes et certainement pas celui d’Anne Frank. Et qu’une directrice, à deux heures de voiture du camp où Anne Frank est morte en 1945 ne se rende pas compte du symbole catastrophique qu’elle envoie, au moment en plus où les actes antisémites explosent en Allemagne, c’est franchement désespérant.

L’histoire d’Anne Frank, cachée, cloitrée, puis déportée, est tragique. Qui peut ne pas être ému par son histoire, quelle que soit son origine ou sa religion. Sur place, les autorités locales sont en train de rétropédaler devant le tollé provoqué ces dernières heures. Mais répétons-le encore une fois : une mémoire, ça se défend, une histoire, ça se raconte, ça se partage, ça s’explique, ça ne s’efface pas.