ÉDITO - Elisabeth Borne : "Il y a quelque chose de sacrificiel chez elle", selon William Galibert
Elisabeth Borne a présenté sa feuille de route pour les 100 prochains jours. Qu'est-ce qui fait tenir la première ministre ?
Comment Elisabeth Borne fait-elle pour tenir ? On a tous connu un supérieur, un chef de service, un patron, ou un maître de stage qui nous avait un peu dans le pif et qui nous fixait des objectifs à atteindre totalement irréalistes pour pouvoir ensuite un jour nous reprocher de ne pas les avoir atteints.
Bienvenue dans la vie d’Elisabeth Borne ! Et son maître de stage, c’est Emmanuel Macron, celui qui lui a accordé un CDD de 100 jours, pas forcément renouvelable. Le 26 avril, il n’y avait qu’à se baisser pour que la macronie, ses conseillers, ses élus, vous disent que la présentation de leur première ministre, que cette feuille de route était "monotone", "technique", qu’elle "manquait de souffle".
J'avais envie de leur répondre : "Mais attendez, vous espériez quoi au juste ?" Pourquoi ce qui n’a pas été possible pour la réforme des retraites le deviendrait maintenant ?
Une feuille de route prévisible
Emmanuel Macron le sait très bien et c’est pour ça d’ailleurs qu’il a autorisé Elisabeth Borne à repousser l’idée d’une loi immigration votée avant l’été, comme il l’a pourtant promis il y a à peine 3 jours.
Elisabeth Borne n’avait aucun atout à sortir de sa manche. Emmanuel Macron a appelé ça "les 100 jours", mais dans le fond rien de neuf c’est juste la suite de sa feuille de route initiale et hier pour l’essentiel il s’agissait de répéter ce que le président avait déjà annoncé ces derniers mois.
Elle s’est tirée toute seule une balle dans le pied en disant qu’elle n’utiliserait plus le 49.3
Ça ne veut pas dire qu’Elisabeth Borne est une sainte à qui on ne peut adresser aucun reproche. Par exemple, elle s’est tirée toute seule une balle dans le pied en disant qu’elle n’utiliserait plus le 49.3 et hier elle a déjà commencé à revenir sur cette promesse qui a rendu furieux le chef de l’État.
Qu’est-ce qui fait tenir Elisabeth Borne ? Il n’y a qu’elle qui a la réponse, mais c’est vrai qu’il y a quelque chose de sacrificiel chez Elisabeth Borne, une force de travail, un côté coriace et bosseuse que personne ne lui conteste.
Et les défauts qui vont avec. Dans une biographie qui sort ses jours-ci, et qui s’appelle La Secrète, notre consœur Bérengère Bonte, décrit aussi les murs qui tremblent régulièrement à Matignon, une première ministre qui engueule tout le monde s’il manque une virgule quelque part et qui est capable de retenir ses collaborateurs jusqu’au milieu de la nuit pour fignoler un dossier.
Sans jamais broncher
Sa dureté et son endurance ont pu les mettre à l’épreuve lorsqu’elle a été directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie, et elle s’en est sortie en un seul morceau. "L’expérience la plus stressante de ma vie", dit-elle dans le livre.
Après ça, on peut presque tout encaisser, alors Elisabeth Borne a une belle tête de fusible, elle le sait, mais elle tiendra à Matignon le temps qu’on l’y laissera, sans jamais broncher.
