E-commerce : Shein, Temu, Ali Express... Comment la France subit la concurrence du low cost chinois

"Il va y avoir une invasion". Voilà ce qu'a dit le 28 avril Michel Édouard Leclerc à propos des livraisons en provenance notamment de Chine. Dans le viseur, les marques low cost chinoises Shein, Temu, Ali Express qui proposent sur internet des produits à des prix défiant toute concurrence. 

Les ventes explosent littéralement en France, et cela pourrait encore prendre de l'ampleur si la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis s'intensifie. Le gouvernement va donc sans doute annoncer une hausse des taxes sur les petits colis de moins de 150 euros et les chiffres sont hallucinants.

Comptez près de 1,5 milliard de colis livrés en France en 2024. Ça veut dire plus de 4 millions chaque jour, c’est considérable. D’après les services du ministère de l’Économie, 9 fois sur 10, ces livraisons arrivent de Chine. 

Comment la Chine est parvenue à s'imposer dans le e-commerce ?

Les plateformes ont doublé leurs envois en Europe en 2 ans, pourtant le succès de Shein et de Temu, est une catastrophe écologique. Si vous rajoutez Alibaba aux deux premiers et vous avez 10.000 tonnes de vêtements tous les jours dans des avions. 

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Pour l’Europe, cela représente 600 gros porteurs qui atterrissent chaque matin, les soutes remplies d'habits et d'une montagne de cartons pour emballer tout ça. Avec des T-shirts à un euro ou des boucles d'oreilles à 75 centimes, on peut se demander comment proposer de tels prix est possible. 

D’abord, les cadences de travail sont d’un autre temps : 75h par semaine avec un jour de repos par mois, d’après une enquête de la BBC à Guangzhou, surnommé le village Shein. Ensuite, les produits sont d’une qualité douteuse et selon la répression des fraudes, ils sont "potentiellement dangereux car ne respectant pas nos normes". La Commission européenne a d'ailleurs ouvert une enquête début 2025.

Enfin, l’État chinois subventionne largement ces livraisons, ce qui permet de n’avoir aucun frais de port depuis l’Asie, quand l’envoi d’une lettre dans le département voisin chez nous coûte 1,39 €.

La France va-t-elle déclarer la guerre à Shein, Temu et les autres sites de commerce en ligne ?

Le 29 avril, Éric Lombard, le ministre de l'Économie, se rend aux douanes de l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle pour faire des annonces devant réguler les plateformes de e-commerce.

L'enjeu est accentué par les 1 milliard 500 millions de colis livrés en France depuis l’étranger l’an dernier, soit 4 millions chaque jour. Voilà qui est absolument considérable, en très nette augmentation, le double de 2022 selon une source à Bercy.

Ce qui intéresse le ministère de l’Économie, c’est qu’environ les 2/3 de ces colis ont une valeur inférieure à 150 €, ils ne sont donc soumis à aucun droit de douane.

Les volumes sont devenus trop importants pour ne rien faire, explique une source qui parle d’une distorsion de concurrence avec les entreprises françaises.

La plateforme Shein est d'ailleurs citée. Sur le textile, son chiffre d’affaires en France est du niveau de celui de Kiabi, sans les 300 points de vente qui créent du dynamisme et des emplois sur le territoire. Shein, enseigne chinoise, comme Temu, AliExpress, et surtout comme 91% des colis livrés dans toute l’Union européenne.