Dans la région de Roanne, la grande désillusion des "Gilets jaunes"

RTL À L' ÉCOUTE DES FRANÇAIS - Toute la semaine, notre reporter Cindy Hubert retourne avec son micro sur ses terres, sur la Côte Roannaise, dans la Loire. Elle donne la parole à des anciens Gilets jaunes, plus de 5 ans après les rassemblements sur les ronds-points.

Photographie prise au bord de la route devant le mémorial canadien de Vimy, dans le nord de la France, le 13 février 2022.

Crédit : THOMAS LO PRESTI / AFP

RTL ÉVÉNEMENT - Dans la région de Roanne, la grande désillusion des "gilets jaunes" (2/5)

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À l’automne 2018, dans la région de Roanne, le mouvement des gilets jaunes a tout de suite pris, et personne ne sait très bien pourquoi, mais c'est le rond-point de Mably, le long de la Nationale 7, qui est devenue la capitale de la colère. Et à l'époque, pour Christine ça a été une révélation : "Je suis plutôt révoltée dans l'âme, je me suis dit que c'était un truc pour moi, donc je suis allée voir, et c'était l'euphorie totale".

Christine se souvient "de cette sensation de rassemblement, les gens nous remerciaient presque de les bloquer. J'ai vu des petites mamies mettre leur gilet jaune sur leur balcon parce qu'elles ne pouvaient pas marcher. La première manifestation à Roanne a réuni 3.000 personnes, ce qui est énorme chez nous. J'avais la sensation que ça y est, enfin, les Français se révoltaient."

François, presque septuagénaire à l'époque, a occupé le rond-point de Renaison, gros village au milieu de la campagne : "On était plusieurs personnes plutôt âgées devant des brûlots à se faire piquer les yeux. Il faisait froid. Est-ce que c'était vraiment notre place ? On est resté quand même, peut-être bien, combien ? Deux, trois mois sur ce rond-point."

Très vite, Christine range les collants et la parka et s'éloigne du mouvement, quand elle réalise que la colère ne se transformera pas en décisions politiques. Elle se rappelle notamment une réunion qui rassemble 500 personnes : "personne n'est d'accord, ils sont à deux doigts de s'étriper les uns avec les autres. Pour moi, c'était une énorme désillusion, j'ai pris conscience qu'il n'y aurait jamais de révolte." Malgré les efforts pour formaliser leurs doléances, pour faire remonter leurs demandes à la députée, aucune n'a abouti.
Plus de cinq ans après, ces deux gilets jaunes n'ont donc que peu ou pas d'illusions pour les prochaines élections législatives : le sentiment de révolte semble avoir laissé place à la résignation. Christine, elle, n'ira tout simplement pas voter, comme depuis plusieurs années.

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