"C'est le roi de la métamorphose", analyse Jean Garrigues à propos de Nicolas Sarkozy

Le dernier coup de poker tenté par Nicolas Sarkozy pour se relancer portera-t-il ses fruits ? "C'est quand même une prise de risque", prévient Jean Garrigues, historien spécialiste de l'histoire politique, en réaction la publication d'un nouvel ouvrage de Nicolas Sarkozy, à paraître lundi 25 janvier. Dans la perspective de la primaire de la droite et du centre, pour désigner le candidat des Républicains en novembre prochain, l'ancien chef d'État était contraint d'agir : "Aujourd'hui, il a besoin de faire bouger les lignes et d'occuper le terrain. Car si l'on continue comme ça, ça sera quand même difficile pour lui."

La volonté du président des Républicains de faire amende honorable en dressant le bilan de son quinquennat présente un certain risque pour Jean Garrigues. "Pèse sur un tel mea culpa tardif, une suspicion sur ce qui va suivre", souligne le chercheur. Et ce choix n'est pas toujours payant fait-il remarquer en reprenant l'exemple du mea culpa de Lionel Jospin après la déroute du PS en 2002.

Un retour qui n'est pas souhaité par l'opinion

"On peut vraiment dire que c'est unique. On imagine mal le général de Gaulle faire le mea culpa de tout ce qu'il a fait depuis la libération lorsqu'il revient en 1958.", reconnaît toutefois l'historien. Mais la promesse du changement est un thème récurrent chez Nicolas Sarkozy selon lui, et l'opinion pourrait se lasser de ce gout avéré pour la repentance : "C'est le roi de la métamorphose, il donne l'impression de changer tout le temps, mais c'est comme Le Guépard (ndlr : le roman de Giuseppe Tomasi Lampedusa), 'il faut que tout change pour que rien ne change'".

"Pour qu'un retour puisse marcher, il faut qu'il y ait une attente", assène Jean Garrigues avant d'enfoncer le clou : "on a l'impression que l'attente n'est plus là si on en croit les sondages qu'on voit aujourd'hui." Selon les dernières estimations, le président des Républicains perd encore du terrain sur son principal rival, Alain Juppé, pour emmener la droite à l'élection présidentielle de 2017.