Depuis trois jours, les appels se multiplient dans la presse pour sauver le soldat Montebourg. Ils ne viennent pas de la gauche mais du patronat, que le ministre a guère épargné.
Montebourg, sur le papier, c'est tout ce que déteste le patronat français : le chantre de la démondialisation, l'homme qui voulait obliger les patrons à trouver un repreneur avant de fermer un site, celui qui voulait nationaliser Florange... N'oublions pas qu'il est le , celui qui voulait tordre le bras aux patrons pour sauver les ouvriers.
Seulement Montebourg s'est pris au jeu. Derrière ses allures de flibustier anti-capitaliste, c'est un pragmatique, un avocat. Il a compris que pour sauver des emplois il fallait sauver les entreprises, donc tendre la main aux patrons. C'est cela que les patrons lui rendent aujourd'hui. C'est son côté "pompier" du "made in France", c'est son activisme qui paie.
Il y a une marque Montebourg. Comme il y a un "made in France", il y a un "made in Montebourg". Il y a une façon d'incarner le volontarisme industriel. Dominique de Villepin appelait ça le "patriotisme économique". Finalement Montebourg, c'est l'anti-Jospin. Lionel Jospin disait : "L’État ne peut pas tout". En tout cas, Montebourg essaie tout, avec un art de la mise en scène consommé qui lui réussit plutôt.
Il parvient même à faire bouger des lignes. Même Brice Hortefeux le reconnaît : Montebourg l'ennuie, parce que chez Michelin, dans sa région d'Auvergne, on en dit du bien.
La France est nostalgique de la période Pompidou : cette époque où l’État avait une politique industrielle, des marges de manœuvres aussi sur l'économie. Alors les marges, on les a perdues ; mais on est toujours reconnaissant à ceux qui savent entretenir la "flamme". A droite, Christian Estrosi, ancien ministre de l'Industrie sous Nicolas Sarkozy, avait essayé de la ranimer. À sa manière, Montebourg essaie de faire la même chose.
Le paradoxe, c'est que sur la route de Montebourg, depuis deux ans, il y a aussi beaucoup d'échecs, de coups de menton. Sans compter les coups d'épée dans l'eau. Dernier exemple en date : Numéricable. Ce fut un magnifique numéro du ministre en faveur de Bouyguescontre Numéricable, pensant qu'il réussirait à imposer sa volonté à Vivendi. C'était franchement scandaleux.
Rappelez-vous aussi de Mittal :. Ah oui ? Monsieur Mittal est toujours chez nous.
La faiblesse de Montebourg est là : ne pas toujours accepter que la vérité de l'économie, c'est que l’État ne peut pas tout. C'est un pompier, mais il n'a pas les moyens d'être un bâtisseur. Il y a à la fois l'incarnation du volontarisme et le constat que c'est l'économie qui gouverne, et pas le politique.
Mais en période de crise, de blues, de sinistrose, il est rafraîchissant, il redonne un peu de confiance. Ça ne suffit pas, mais c'est mis à son crédit.
Au gouvernement, il a 100% de chances de conserver son poste. François Hollande ne peut pas s'en passer. Il a Valls à droite, sur la sécurité ; Montebourg à gauche, versant démondialisation.
Maintenant à Bercy, on verra. Mais ce qui est étonnant, c'est que le voilà désormais en position de force pour négocier. Et il le joue en fanfaronnant comme toujours : "Ma lettre (de démission) est prête". Il fait monter les enchères.
Parce que, si il est patron-compatible, en revanche il s'entend affreusement mal avec le premier ministre Jean-Marc Ayrault. Au point de claquer la porte du gouvernement ? Pas sûr qu'il n'y ait pas pris goût finalement.
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