Les électeurs pourront désormais voter blanc et que ce vote soit reconnu comme tel, le Parlement ayant définitivement adopté mercredi 12 janvier une proposition de loi centriste en ce sens, une mesure qui entrera en vigueur après les municipales.
C'est une petite révolution en France où, jusque-là, ne comptaient que les suffrages exprimés pour l'un ou l'autre candidat. Faut-il s'en féliciter ? Franchement, c'est très joli. Ça donne bonne conscience aux élus qui ont toujours considéré le vote blanc comme quantité négligeable. Mais ça ne sert à rien, c'est un coup d'épée dans l'eau.
La seule chose que permet la loi désormais, c'est de séparer les blancs des nuls. Un bulletin avec un petit papier blanc ou une enveloppe vide, ce ne sera plus pareil qu'un bulletin avec un gribouillis, une insulte ou le nom du candidat barré. La belle affaire.
En fait, on est en train de dire à ceux qui font l'effort de se déplacer au bureau de vote : "Désormais vous existez, vous ne comptez pas, vous ne changez rien au résultat. Mais merci d'être venus, et bonne journée !".
Ceux qui ont voulu cette loi ne s'en cachent pas expliquent qu'elle vise à dégonfler le vote extrême. On pense évidemment au Front national. Plus ça va, plus il y a de votes blancs, plus il y a d'abstention, et plus il y a de votes FN. Cette contestation mêlée de colère fait du mal aux partis traditionnels.
On dit souvent que l'abstention fait gonfler les scores du FN. Ils espèrent, avec cette grande quinzaine du vote blanc, lui trouver un exutoire. Voter "blanc" dans leur esprit, ce serait une nouvelle manière de se défouler sans se compromettre ou aller à la pêche.
Cela peut-il fonctionner ? On verra. Reste que le vote Front national a changé. C'est de moins en moins un vote contestataire, et de plus en plus un vote d'adhésion. Le dernier sondage TNS-Sofres indique que 34% des Français adhèrent aux idées du FN.
La révolution (mais est-elle souhaitable ?), ce serait de compter le vote blanc, vraiment. C'est un peu technique, mais si on le considère comme un suffrage exprimé, si on le comptabilise, on se retrouve avec un président élu... à 48,2% et non plus à 50% et quelques. Bonjour le procès en illégitimité...
Si on va plus loin, et que l'on considère que le vote blanc est un vote comme les autres (donc un vote exprimé), alors le président ne peut plus être élu s'il n'a pas 50% des voix. "Majorité absolue des suffrages exprimés", dit la Constitution française. Vous imaginez revoter deux fois, trois fois, quatre fois pour parvenir à passer la barre fatidique ? Vous voyez la crise politique qui se profile ?
En fait, on en revient toujours au même (au risque d'enfoncer une porte ouverte) : la réalité, c'est que changer le système est toujours "hasardeux". C'est donc aux hommes politiques de retrouver la confiance de leurs concitoyens. C'est à eux de tenir leurs promesses ou de ne pas faire de promesses qu'ils ne peuvent pas tenir. C'est cela, vote blanc ou pas, qui ferait vraiment la différence. Et pourrait faire que les Français retrouvent un jour le goût des urnes et de la politique.
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