Le collectif "La Manif pour tous" a rassemblé dimanche 2 février à Paris et à Lyon près de 100.000 personnes selon la police (540.000 selon les organisateurs). Une mobilisation qui s'est déroulée sans incident, malgré les craintes exprimées en amont.
Tout le monde reconnaît que c'est un succès. Mais pour le ministre de l'Intérieur, c'est un démenti. Pour Manuel Valls, notre "société est tourmentée par les forces sombres de la division". Il s'exprimait ainsi dans le Journal du dimanche. Ces "forces sombres" qui sont descendues dans la rue, c'était "l'Empire contre-attaque", le côté obscur de la force.
En fait, on a vu des gens défiler dans le calme. Avec des mots d'ordre qui peuvent ulcérer, mais pas de haine, pas de violence. Surtout, il y avait beaucoup de monde, d'autant que la loi a été votée il y a huit mois. Cela signifie que ça ne passe pas.
Ça passe d'autant moins qu'au mariage homosexuel, se sont ajoutées les expérimentations pour lutter contre les stéréotypes filles / garçons - la fameuse polémique autour de la"théorie du genre". C'est pour cela que ça fait du monde dans la rue.
Face à ce mouvement, le gouvernement ne va pas retirer la loi. Il s'échine à dire qu'il n'y aura pas de procréation médicale assistée (PMA) et de gestation pour autrui (GPA). Mais ceux qui sont dans la manifestation ne le croient pas. Alors, le pouvoir ne peut que se défendre, et rappeler que la famille n'est pas en danger. Il dit que ça n'a aucun sens de parler de "familiphobie" et précise qu'il n'y a eu au final que 7.000 mariages homosexuels (dans le calme, là aussi).
Mais on voit bien qu'il y a deux attitudes au gouvernement. D'abord, ceux qui pensent qu'il faut apaiser, discuter, ne pas déclarer la guerre. C'est ce qui avait conduit à mettre la PMA dans un tiroir. Et puis il y a ceux qui, comme Manuel Valls, tel Saint-George chassant le dragon, pensent que ces manifestations sont un défi à la République. Ils estiment que ce sont des réac, catho intégristes ou ultra-conservateurs, des "anti-républicains". Le problème, c'est que le ministre ne peut rien faire.
Reste que la droite n'est pas non plus vraiment à l'aise. Dimanche, c'était une manif anti-Hollande, et elle n'était pas là ! On a compté sur les doigts des mains ceux de l'UMP qui ont manifesté. Jean-François Copé n'a pas fait le déplacement cette fois. Il faut dire qu'à l'UMP aussi, ils sont très divisés. Ils sont peu disponibles par ailleurs à se saisir des questions de société tant les questions économiques les obsèdent.
Il y a un embarras au sein du principal parti d'opposition. Ils ont vu naître à la droite de la droite, au moment du débat sur le "mariage pour tous", un mouvement qui a réussi à capter l'attention de l'opinion et des médias. Un mouvement qui leur a complètement échappé. L'UMP n'a pas su attirer vers lui ce vivier électoral.
Le mouvement peut-il durer ? La vraie question, c'est - comme le prétend Manuel Valls - la naissance d'une forme de "Tea Party à la française", une droite traditionnelle et réac', à l'image de ce qui se fait aux États-Unis ? Ou bien est-ce que ça reste seulement un groupe de pression ou un lobby ? On ne voit pas bien comment ce mouvement peut survivre sans convertir la manifestation en voix, en postes et, en sièges.
On voit bien que sa force, c'est d'être indépendant des partis. Mais c'est aussi sa fragilité. Car pour durer, on ne peut pas seulement être un rendez-vous du dimanche.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte