Alain Duhamel : "Au lieu d'être des maîtres à penser, les intellectuels sont devenus des maîtres à déplorer"
REPLAY - ÉDITO - Sur le débat de l'identité nationale, les intellectuels semblent prendre l'ascendant sur les hommes politiques.
Cela semble être la nouvelle idée à la mode : les grands intellectuels comme Alain Finkielkraut ou Michel Onfray seraient en train de prendre la place des hommes politiques dans le débat national. Alain Duhamel n'y croit pas vraiment sauf sur la crise de l'identité nationale. On ne les entend pas sur l'économie, sur la sociologie, sur l'international, des sujets laissés à des spécialistes. "En revanche sur l'identité nationale, on n'entend qu'eux et ils sont très convergents les uns par rapport aux autres. "C'est-à-dire qu'ils sont tous nostalgiques, pessimistes, déclinistes" pointe l'éditorialiste.
Selon lui, cette relève des politiques par les intellectuels s'explique assez facilement. Tout d'abord, les politiques sont moins écoutés car ils ont échoué sur le chômage. Ensuite, parce que tous ces politiques mis en avant sont ceux qui ont des ambitions présidentielles. Or ce sont des sortants, comme François Hollande, ou des revenants, comme Nicolas Sarkozy, contrairement aux intellectuels qui sont des nouveaux venus pour le public.
Le talent politique a plutôt régressé dans l'expression publique, alors que les intellectuels médiatiques sont au contraire souvent excellents, à l'écrit comme à l'oral
Alain Duhamel
Ce grand retour des intellectuels n'est pourtant pas si neuf que ça. "C'est même une grande tradition française, une spécificité et quelque fois un ridicule français" souligne Alain Duhamel. Mais si de la Libération aux années 1980, les intellectuels ont joué un rôle essentiel, depuis 30 ans il jouent un rôle moindre. Sur l'identité nationale, ils jouent un rôle, mais différent. "Au lieu d'être des maîtres à penser, ils sont des maîtres à déplorer" conclut l'éditorialiste.
