Vague de chaleur : "Il n’y aura pas de retour à la normale", alerte le climatologue François Gemenne

Des records de chaleur pourraient être battus ce jeudi 1er mai, notamment à Paris. La France est-elle suffisamment prête ? Ses ambitions écologiques se sont-elles fracassées face à la réalité économique ? François Gemenne, climatologue et coauteur du dernier rapport du GIEC, était invité au micro de RTL pour revenir sur cette situation.

Alors que la majorité des Français ne travaillent pas ce 1er mai, ils pourront profiter du ciel particulièrement ensoleillé. Difficile toutefois de ne pas avoir d’arrières pensées concernant le réchauffement climatique.

"On a évidemment le droit de s’en réjouir, surtout pour un week-end prolongé. Cela étant dit, c’est vrai qu’on peut quand même constater la grande instabilité climatique. Il ne faut pas oublier qu’il y a ce qu’on voit autour de nous en termes de chaleur, mais la vraie vague de chaleur touche surtout les pays du Golfe, pays d’Asie, avec des températures à 48 ou 49 degrés au Pakistan ou en Arabie saoudite", rappelle l’expert.

L'écologie est "la victime facile" du gouvernement

Selon François Gemenne, on ne "mesure pas" une telle ampleur, notamment parce que la montée de chaleur en France est progressive. "Il faut arrêter de dire ‘exceptionnellement chaud’. Ce que nous considérons aujourd’hui comme des situations exceptionnelles, anormales ou hors-normes, deviennent en réalité la norme. (...) Il n’y aura pas de retour à la normale, la normale est derrière nous", alerte-t-il.

Alors qu’Emmanuel Macron parlait de l’écologie comme le "combat du siècle" pendant sa campagne présidentielle en 2022, les budgets sont toujours plus réduits. "C’est la victime facile. On a toujours tendance à procrastiner, on se dit qu’il faut réduire les émissions d’ici 2030, neutralité carbone en 2050. De ce fait, on a tendance à prioriser toute une série d’autres urgences (...) Ça retarde l’action climatique, ça rend le problème plus compliqué à résoudre parce que chaque année qui passe des milliers de tonnes de C02 supplémentaires vont s'accumuler dans l'atmosphère."

Une tendance actuelle fait également craindre le pire à François Gemenne. "Ce qui m’inquiète le plus, c’est le sentiment que cette transition apparaît comme une contrainte pour la plupart Français et des entreprises. On s’est un peu enfermé dans une écologie du contre plutôt qu’une écologie du pour qui va s’enthousiasmer", regrette-t-il.