"La maison d’arrêt des hommes du centre pénitentiaire de Fresnes fait apparaître sans aucun doute des violations graves des droits fondamentaux". Le constat de le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) est sans appel : la deuxième prison de France se trouve dans un état "indigne" et réserve un traitement "inhumain" et "dégradant" à ses occupants, en contradiction totale avec la Convention européenne des droits de l'Homme. Tous les voyants sont au rouge, que ce soit pour l'insalubrité, l'encellulement individuel ou encore la violence.
Concernant les conditions d'hygiène "désastreuses", le bilan de la CGLPL est effarant. Outre l'accumulation de moisissure et de crasse, il est question d'une prolifération de rats : "Ils ne s’effraient pas de la présence d’êtres humains. Leur odeur s’ajoute à celle des ordures au pied des bâtiments". En 2016, deux détenus de Fresnes ont ainsi contracté la leptospirose, maladie potentiellement mortelle transmise par les rats. Les punaises de lit sont aussi légion, en raison des opérations de désinfection qui sont "ponctuelles, partielles et inefficaces". L'accent est aussi mis sur l'absence de toilettes, obligeant les personnes détenues à uriner "dans des bouteilles qu'elles projettent ensuite par-dessus les murs".
La surpopulation carcérale est aussi mise en évidence. Avec un taux d'occupation moyen de 188%, seulement 13% des détenus bénéficient d'une cellule pour eux seuls. Ils sont 31% à devoir partager une cellule de 10m² à deux. 56% doivent le faire à trois. Pourtant, le personnel pénitentiaire se trouve en sous-effectif et ne semble pas être adapté à la situation car composé d'environ "70% de stagiaires". Dans ces conditions, le respect des droits fondamentaux est "structurellement impossible", argue la CGLPL qui évoque notamment un "recours trop systématique" aux fouilles intégrales.
La CGLPL dénonce aussi un "climat de tension permanent" et un "usage banalisé" de la force. Un exemple a été communiqué pour illustrer la situation : "Un contrôleur a ainsi vu une personne détenue être, suite à un 'blocage' sans violence, immédiatement maîtrisée par la force, puis conduite au quartier disciplinaire dans une position douloureuse, alors même qu’elle ne se débattait pas. Un coup de pied lui a été asséné alors qu’elle était immobilisée". Si la violence de la part de certains membres du personnel est soulignée, la fréquence des violences entre détenus est aussi visée.
En réponse aux observations du contrôleur, le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a détaillé dans une lettre les travaux prévus pour 2017 afin de lutter contre les rats. L'État va consacrer plus de 900.000 euros notamment pour empêcher les jets de détritus en réparant les grillages aux fenêtres. Le ministre a aussi souligné que le budget 2017 prévoit de lancer la construction de trois maisons d'arrêt en Ile-de-France pour désengorger les prisons.
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