Une histoire peu banale. Un ambulancier a décidé de porter plainte la semaine dernière contre un policier, après un contrôle routier sur la rocade de Poitiers. Les faits remontent au mercredi 28 décembre. L'ambulancier, qui souhaite rester anonyme explique à La Nouvelle République : "Nous avions pris en charge une femme en détresse respiratoire à Fontaine-le-Comte (commune au sud de Poitiers, ndlr) en direction du CHU, à la demande du médecin-régulateur du SAMU. Il y avait une longue file de voitures au feu tricolore. J'ai actionné la sirène avec le gyrophare et je me suis faufilé jusqu'à passer le feux."
C'est alors qu'un policier, qui effectuait des contrôles de vitesse dans le secteur, traverse les voies pour contrôler l'ambulance. "Je lui ai expliqué et répété que je faisais un transport pour une urgence vitale et que je ne pouvais pas m'arrêter", continue l'ambulancier. Le ton serait alors monté et le policier aurait pointé son arme de service en direction de l'ambulancier, ce que son équipier placé à l'arrière de l'ambulance ainsi que le parquet confirment. Ce dernier évoque un refus d'obtempérer de la part du conducteur.
Le commissariat de police affirme de son côté que l'ambulancier a fait l'objet d'un contrôle routier en raison "d'un excès de vitesse et d'une conduite dangereuse". Alors pour démêler le vrai du faux, le parquet de Poitiers a ouvert une enquête afin de "vérifier les conditions de l'urgence absolue du transport du malade et de l'emploi du gyrophare et du deux tons (autrement dit la sirène, ndlr). Il y a une réglementation très spécifique dans le cadre des ambulances."
En effet, certains véhicules sont qualifiés de véhicules d'intérêt général prioritaires (VIGP), comme c'est le cas pour les véhicules de police nationale ou municipale ou encore des pompiers. Et dans le cas où ils activent simultanément une sirène deux tons ainsi qu'un feu bleu clignotant, ils peuvent enfreindre le code de la route. Pour les ambulances, la réglementation est différente. Elles sont considérées comme VIGP uniquement lorsqu'elles sont missionnées par le SAMU.
Contacté hier, le parquet de Poitiers n'avait pas souhaité répondre à nos sollicitations. Mais aujourd'hui, la direction départementale de la sécurité publique de la Vienne, dont dépend le policier mis en cause, a tenu à donner sa version des faits dans un droit de réponse : "Le mercredi 28 décembre 2016, à 16h45, un fonctionnaire de police du
commissariat de Poitiers en opération de contrôle de vitesse avenue du 11
novembre, enregistrait une vitesse de 97km/h d'une ambulance sur un tronçon de
route limité à 70km/h.
Il est avéré que le transport opéré par l'ambulance n'avait aucun caractère d'urgence vitale
Le fonctionnaire constatait également une conduite excessive du véhicule, ce
dernier zigzagant entre les automobiles pour se frayer un chemin dans une
circulation dense, utilisant ses moyens lumineux , puis sonores et en
franchissant le carrefour dont les feux étaient au rouge fixe. Une procédure était
établie pour ces différentes infractions par le policier. L'utilisation des moyens sonores et lumineux d'une ambulance n'autorise
toutefois pas le conducteur de celle-ci à se soustraire à un éventuel contrôle
de police. Afin de prendre en compte l'urgence du transport, le fonctionnaire
de police a d'ailleurs permis au véhicule de repartir aussitôt après
vérification de l'identité du conducteur.
Quant à la sortie d'arme du fonctionnaire se sentant menacé dans son intégrité
face à une situation qu'il a qualifié de refus d'obtempérer de la part du
conducteur, il lui appartenait d'apprécier cette menace. La plainte de l'ambulancier a été recueillie et une enquête judiciaire ouverte
sous le contrôle du procureur de la République. Contrairement aux informations publiées et diffusées, il est avéré que le
transport opéré par l'ambulance qui était missionnée par le SAMU, n'avait aucun
caractère d'urgence vitale. En parallèle de l'enquête judiciaire, une procédure administrative a été
ouverte pour préciser les conditions d'intervention du fonctionnaire de
police."
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