Le non-lieu prononcé dans la procédure visant un ancien SS soupçonné d'avoir participé au massacre d'Oradour-sur-Glane (France) a été confirmé par la cour d'appel de Cologne (ouest), a-t-on appris mercredi auprès de la juridiction. Le 9 décembre, le tribunal de Cologne avait estimé que "les éléments de preuves disponibles" ne permettaient "pas a priori de contredire" la défense du nonagénaire Werner Christukat, ancien nazi, âgé de 19 ans à l'époque du massacre en juin 1944 de 642 personnes, dont plus de 450 femmes et enfants, par l'unité SS à laquelle il appartenait, dans ce village de Haute-Vienne (ouest de la France).
Dans un arrêt prononcé vendredi mais rendu publique mercredi, la cour d'appel a "désormais confirmé la décision du tribunal". La cour a souligné dans un communiqué :
Pour l'ouverture d'un procès, est au moins requise la probabilité que la responsabilité pénale individuelle de l'inculpé puisse être démontrée sous la forme d'une participation concrète à un meurtre ou à une complicité de meurtre
Elle a ainsi conclu :
Les propos de l'inculpé, admettant certes sa présence lors des évènements d'Oradour-sur-Glane mais réfutant avoir tiré ou assumé des tâches de surveillance ou de transport (des victimes) ne peuvent être a priori contredits par les moyens de preuve actuellement mis à disposition
Werner Christukat avait été inculpé début janvier 2014 pour le "meurtre en réunion" de 25 personnes et pour "complicité de meurtres" concernant des centaines d'autres victimes, au cours de la pire exaction commise en France par l'armée allemande pendant la Deuxième guerre mondiale. L'ancien militaire était soupçonné d'avoir abattu à la mitrailleuse 25 hommes rassemblés dans une grange, avec un autre membre du régiment Der Führer de la division blindée SS Das Reich. Les survivants avaient été achevés d'une balle de pistolet ou étaient morts dans l'incendie de la grange à laquelle des soldats avaient mis le feu.
"Dans l'argumentaire de notre réquisitoire, nous estimions qu'un procès devait être ouvert, la cour d'appel a vu les choses autrement, je dois l'accepter", a déclaré Andreas Brendel, procureur général de l'Office central chargé d'enquêter sur les crimes nazis, qui mène depuis quatre ans les investigations sur Oradour.
Le magistrat avait fait appel de la décision de non-lieu prononcée par le tribunal de Cologne. Dans le cas de Werner Christukat, "il n'y a plus de recours juridique (...) sauf à ce que l'on trouve de nouvelles preuves qui jusque là n'étaient pas connues, ce que je tiens pour relativement improbable car nous avons, à vrai dire, tout fait dans ce dossier".
Concernant l'éventualité d'un procès Oradour, dossier dans lequel d'autres procédures individuelles existent en Allemagne, le procureur ne se montre guère optimiste mais, affirme-t-il, "par principe, on ne peut pas dire que tout est fini à partir du moment où elles demeurent ouvertes".
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