Jacques Servier, le président et fondateur du groupe pharmaceutique français Servier s'est éteint ce mercredi 16 avril à l'âge de 92 ans. Fils d'industriel, il avait fondé l'entreprise portant son nom, la hissant au sommet de l'industrie pharmaceutique.
Avec un chiffre d'affaires de 4.2 milliards d'euros en 2013, il laisse le groupe Servier au deuxième rang des laboratoires pharmaceutiques français en termes de vente. Mais son image est considérablement ternie par l'un des plus grands scandales sanitaires de ces dernières décennies, l'affaire du Mediator.
Mis au point par les laboratoires Servier et commercialisé en France à partir de 1976, le Mediator est un médicament présenté à l'origine comme traitement pour les diabétiques en surpoids. Il sera ensuite utilisé comme coupe-faim pour les personnes désireuses de perdre du poids.
Jusqu'à son retrait fin 2009, plus de 145 millions de boîtes ont été vendues et plus de cinq millions de personnes ont été traitées par la molécule. Il est soupçonné d'avoir causé des centaines, voire des milliers de morts.
La mort de Jacques Servier ne met pas pour autant un terme au processus judiciaire. Une première enquête porte notamment sur des faits de tromperie, d'escroquerie et de trafic d'influence. Une seconde concerne des faits d'homicides et blessures involontaires, et l'éventuelle causalité entre la prise de Mediator et les pathologies développées par chacun des plaignants.
La justice espérait boucler l'enquête en février dernier sur le principal volet du scandale sanitaire, avant la tenue en 2015 d'un procès visant tous les acteurs de l'affaire. Dont Jacques Servier, poursuivi avec plusieurs sociétés de son groupe pour "tromperie aggravée" par quelques 700 parties civiles lui reprochant de les avoir délibérément trompés sur la composition du médiator.
Sur BFMTV, la pneumologue Irène Frachon, qui avait alerté sur les effets cardiaques du Mediator en juin 2009, a estimé que "Jacques Servier est parti en étant démasqué", et que "son groupe devrait assumer ses responsabilités jusqu'au bout". Et notamment l'épineuse question de l'indemnisation des victimes.