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Militantes kurdes abattues à Paris : la communauté kurde appelle Macron à "lever le secret défense"

Alors que les kurdes viennent de perdre trois membres de leur communauté le 23 décembre dernier, à Paris, sous les balles de William M., leur communauté cherche également toujours des réponses dans l'attentat de la rue Lafayette en 2013. Il y a 10 ans, trois militantes politiques kurdes ont été assassinés en plein cœur de Paris.

Militantes kurdes abattues à Paris : la communauté kurde appelle Macron à "lever le secret défense"
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Maxime Levy

Le 10 janvier 2013, la communauté kurde se réveille dans la douleur. À Paris, derrière l'imposante porte verte écaillée du 147 rue Lafayette, trois coups de feu ont retenti dans la nuit. Dans les locaux du centre d'information sur le Kurdistan, trois femmes ont trouvé la mort d'une balle dans la tête. Il s'agit de trois femmes du mouvement kurde, dont Sakine Cansiz, la dirigeante et co-fondatrice du PKK (le Parti des Travailleurs Kurdes), âgée de 54 ans, ainsi que Leyla Saylemez et Fidan Dogan. 

Les enquêteurs de la brigade criminelle comprennent vite qu'une seule arme a été utilisée et remonte la piste du tireur. Son ADN est retrouvé, les caméras de vidéosurveillance l'ont filmé, sa sacoche porte des traces de poudre : il s'agit d'Omer Güney. Cet homme est le chauffeur particulier de Sakine Cansiz et il est rapidement interpellé. 

Tout au long de l'instruction, le suspect n'a jamais reconnu ce qui lui était reproché. Au fil des années, les enquêteurs mettent pourtant à jours ses liens avec le MIT, les services secrets turcs. Me Antoine Comte, l'avocat de l'une des familles de victime, explique que "le Parquet de Paris à l'époque met en cause directement les services secrets turcs comme ayant un rôle dans ce triple assassinat". 

Début 2016, l'instruction se termine, Omer Güney est renvoyé devant la Cour d'Assises de Paris pour y être jugé dans les prochaines semaines. Mais sa tumeur au cerveau, diagnostiquée en prison, l'emporte. Il meurt, l'action publique s'éteint, il n'y aura donc pas de procès. 

Une affaire aussi bien judiciaire que diplomatique

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La détermination des parties civiles et de la juge d'instruction permet l'ouverture d'une deuxième information judiciaire en 2019, pour "assassinat en lien avec une entreprise terroriste". Cette fois-ci, la justice est à la recherche des commanditaires. "Après la première instruction, on a découvert qu'il y avait une activité des services secrets turcs dans toute l'Europe. C'est, je pense, ce qui a également permis l'ouverture d'une deuxième information judiciaire", détaille Me Antoine Comte. 

Une affaire aussi bien judiciaire que politique et diplomatique. Ces 10 dernières années, que ce soit au sein de la première ou de la deuxième information judiciaire, les juges d'instructions ont demandé à deux reprises une levée du secret défense. Ils souhaitent savoir si les services secrets français ont des informations sur le MIT et ses liens avec Omer Güney. 

Une fois en 2015 et une autre en 2020, les juges font une demande de documents sans grand succès. Si la première fois la Commission du secret de la défense nationale (CSDN) remet aux juges des documents en grande partie censurés, la deuxième fois rien n'est remis. "La CSDN donne un avis, mais le chef de l'État n'est pas obligé de le suivre. Sauf que le président Hollande manquait de courage manifestement. Une fois plus, on a un autre président, Emmanuel Macron, qui n'a pas plus de courage que le précédent. Là encore, il se soumet à l'avis de la commission en ne transmettant aucun document". 

Dix ans après, les commanditaires, les complices n'ont toujours pas été identifiés par la justice. Berivan Firat, porte-parole du conseil démocratique kurde en France, en appel donc au président Emmanuel Macron : "La France avait pour la première fois de son histoire la possibilité d'élucider un crime politique commis sur son sol. Le président de la République a le devoir de lever le secret défense". 

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