Un juge d'instruction de Mayotte a été mis en examen pour viol et incarcéré ce lundi 7 juillet au soir à Saint-Denis de La Réunion. Une jeune femme a déposé plainte pour viol contre le juge Hakim Karki mercredi dernier à Mamoudzou (chef-lieu de Mayotte).
Le procureur de la République à Mayotte, Joël Garrigue, avait précisé s'être lui-même dessaisi de l'enquête et avoir demandé le dépaysement de l'affaire, le juge étant magistrat dans le même tribunal que lui.
Hakim Karki a été entendu par trois juges d'instruction, en formation collégiale, pendant près de trois heures, avant d'être mis en examen. "Je suis étonné par cette mise en détention alors que les trois juges avaient demandé un placement sous contrôle judiciaire", a déclaré à la presse Me Nicolas Normand, avocat de Hakim Karki. "Le parquet a fondé sa réquisition sur la nécessité d'empêcher des pressions et des rencontres avec des témoins. C'est incompréhensible. Mettre un juge en prison n'est pas anodin", a souligné l'avocat.
Les faits présumés remontent à la nuit de mardi à mercredi de la semaine dernière. Après une soirée passée dans un restaurant de Mamoudzou, Hakim Karki serait rentré chez lui en compagnie de la plaignante, qui affirme que le magistrat l'a ensuite violée. Hakim Karki reconnaît avoir eu des relations sexuelles avec la jeune femme d'une trentaine d'années mais affirme qu'elles étaient consenties.
Le juge Hakim Karki instruit depuis 2011 un dossier sensible aux multiples rebondissements, l'affaire Roukia, du nom d'une adolescente décédée à Mayotte des suites d'une overdose. L'enquête a notamment mis en lumière l'implication d'agents du groupement d'intervention régional (GIR) de Mayotte dans un trafic de drogue entre les Comores et Mayotte .Certains agents du GIR sont soupçonnés d'avoir fourni de la drogue à des indics comoriens. Plusieurs tentatives de dessaisissement du juge Hakim Karki n'ont pas abouti.