La seringue du docteur Cosme : presque 30 ans après, le mystère demeure

Il y a presque 30 ans, mercredi 28 février 1996, autour de 10 heures, Evelyne pousse la porte d'un studio, en plein centre de Nice. Elle vient prendre des nouvelles de Pascal Vito, 48 ans, son ex-compagnon pendant une dizaine d'années. Il ne s’est pas présenté à son bureau, elle le découvre dans sa chambre, tout habillé sur son lit. Il ne respire plus. 

Un médecin, appelé, ne peut que constater le décès. L'ex-compagne ne semble pas surprise. Selon elle, la victime était très dépressive. Elle a pu se suicider. Le médecin diagnostique une intoxication par médicaments. "C'était un gros dépressif. Mais bon, pas tous les dépressifs se suicident. Ça a été leur raccourci un peu rapide de la défense", souligne Cédric Vito, le fils de la victime. L'affaire semblait classée jusqu'à ce que le docteur Dominique Cosme, associé de la victime, fasse son entrée. Bavard, déroutant, déconcertant, il attire l'attention.

Dominique Cosme confie qu'il a vu Pascal Vito chez lui, dans l'après-midi du mardi 27 février. Il n'allait pas bien, il était angoissé. Le docteur lui a fait une piqûre d'Equanil, un puissant tranquillisant qu’on administre notamment aux patients en manque d'alcool. Ce n’était pas le cas puisque Pascal Vito buvait alors du whisky.

"Pourquoi injecter une substance aussi dangereuse ?"

"C'est un petit peu surprenant, déjà, pour faire un placebo, de faire croire à la personne à qui on injecte quelque chose que ça va faire un effet sans réellement chercher cet effet. Pourquoi ne pas injecter de l'eau ? Pourquoi injecter une substance aussi dangereuse que l'Equanil pour faire un effet placebo ? Si c'est le cas, pourquoi l'injecter en intraveineux ? Pourquoi ne pas le faire en intramusculaire où on sait qu'il n'y a absolument aucun risque ?", s'étonne Maître Yannick Le Maux, avocat au barreau de Nice au micro de L'Heure du Crime sur RTL. 

Les soupçons se resserrent sur le docteur Cosme. Le meurtre est une aubaine pour lui. Dès le lendemain du décès, Cosme déclare qu'il prend les rênes du laboratoire et répète que désormais "les pratiques de la mafia étaient terminées". Il va remettre de l'ordre dans la comptabilité, lui qui décrivait en privé que Vito était dépensier, qu'il se servait dans la trésorerie du laboratoire, qu'il falsifiait des chèques…

Le suspect idéal

Mis en examen pour homicide involontaire en 1997, le juge Renard souligne le mobile : "Elle vous permettait de conserver le laboratoire, votre source de revenus, et en plus de récupérer des recettes occultes jusque-là prélevées par M. Vito", indique le magistrat.

Le tribunal se déclare incompétent car les faits seraient de nature "criminelle". Au vu de la dose administrée, il est inimaginable que le décès soit accidentel" affirme le magistrat, lequel s'étonne de l'absence d'autopsie et de confrontations.

La franc-maçonnerie en filigrane

Mais la franc-maçonnerie est partout dans cette affaire. "Ce dossier m'a rendu plus que prudent, voire suspicieux au départ, parce qu'il y avait beaucoup de francs-maçons dedans. Beaucoup, à commencer par le suspect principal, la victime, mais ce n'étaient pas les seuls", se souvient Eric De Montgolfier au micro de RTL. 

Mercredi 12 juillet 2006, le docteur Dominique Cosme, 60 ans, est mis en examen pour assassinat et laissé libre. La famille de Pascal Vito n'a jamais su dans quelles conditions il était mort. Le docteur Dominique Cosme est décédé en décembre 2020, à l'âge 74 ans.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Maître Yannick Le Maux, avocat au barreau de Nice et fils de Maître Olivier Le Maux qui a défendu la famille de Pascal Vito. 

 
- Cédric Vito, fils de Pascal Vito.
 
- Éric de Montgolfier, magistrat et ancien procureur de la République de Nice. Il était avocat général lors du procès de Dominique Cosme. 

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