"La plupart de la population a déserté la place" : dans le quartier des Moulins, à Nice, des CRS rassurent les habitants après la fusillade

Dans le quartier des Moulins à Nice, la peur règne. Deux jours après la fusillade qui a fait deux morts et cinq blessés, dont trois graves, le 3 octobre, l'État a dépêché, samedi, une soixantaine de CRS pour renforcer la sécurité dans ce quartier meurtri par le déchaînement de violences survenu ce soir-là.

Sur place, une dizaine d'hommes et de femmes en uniforme patrouillent à pied dans les rues quasiment désertes jusque devant l'un des principaux points de deal du quartier et aucun cri de guetteur n'accompagne leur présence.

"La plupart de la population a déserté la place, assure un des membres des forces de l'ordre. Ça a été très calme sur la journée aussi. C'est dû à la surpopulation au niveau des effectifs de police par rapport aux événements qui se sont passés hier soir. L'avantage de déployer les CRS, c'est le nombre".

Entre peur, colère et émotion

Cette présence policière est également censée rassurer les habitants de ce quartier populaire de Nice. Pourtant, certains sont sceptiques. "Cette histoire, ce n'est pas la première fois. Combien de policiers passent par jour ici ? On n'arrive pas à régler ce problème depuis des années", a lancé un habitant au préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, lors de son passage dans le quartier des Moulins. "On prend le problème à bras-le-corps, mais ça va prendre du temps", lui répond le représentant de l'État. 

En attendant, les habitants sont partagés. Certains ne veulent plus sortir de chez eux par peur tandis que d'autres se sont succédés toute la journée de samedi pour déposer des fleurs en hommage aux victimes de la fusillade, juste à côté des traces de sang encore visibles sur le sol.

En bas d'une grande tour grise, une cinquantaine d'hommes habillés en noir, silencieux, paumes ouvertes vers le ciel, visages fermés, ont rendu un dernier hommage à l'une des victimes de la fusillade. "J'ai presque perdu un père", affirme un ami proche de la victime. 

Une enquête pour "homicides volontaires en bande organisée et tentatives d’homicide volontaire en bande organisée" afin de remonter jusqu'aux tireurs et à leurs commanditaires. La voiture volée qui a servi aux assaillants, retrouvée calcinée, va être passée au peigne fin à la recherche d'un indice, voire d'un ADN. Son trajet va être reconstitué grâce aux caméras de surveillance. 

Les douilles vont également être confiées à la police scientifique et l'ensemble des lignes téléphoniques qui ont borné sur le secteur à l'heure des faits va être analysé, sans compter les auditions de témoins et de suspects, notamment parmi les rivaux connus des dealers de la place des Amaryllis. Ces investigations longues et difficiles permettent fréquemment d'identifier et d'interpeller les commandos des narcotrafiquants.