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Affaire Elisa Pilarski : la mort au bout de la laisse
PODCAST - "L'Heure du crime" revient sur l'affaire Elisa Pilarski. À l'automne 2019, cette jeune femme de 29 ans est retrouvée sans vie, horriblement mutilée dans une forêt de l'Aisne. Elle aurait été mordue à mort par un ou plusieurs chiens. La justice se penche rapidement sur Curtis, le chien qui accompagnait la victime enceinte de six mois.
Samedi 16 novembre 2019, 14h42, les gendarmes de Soissons sont appelés en urgence dans la forêt de Retz, en bordure du petit village de Saint-Pierre-Aigle. Une femme a été retrouvée grièvement blessée. Elle se nomme Elisa Pilarski, 29 ans. C'est son compagnon, Christophe Ellul, 45 ans, qui a appelé les secours, affolé. Au téléphone, il répète : "Elle est mangée de partout. Elle sortait mon chien. Je sais pas ce qui s'est passé".
À 15h00, le médecin du Smur de Soissons constate le décès. Au premier examen, le docteur déclare "qu’un seul chien n'est pas capable d'infliger de telles blessures". Elisa Pilarski était enceinte de six mois. L'enfant à naître est décédé.
Aux gendarmes, Christophe Ellul raconte qu'il se trouvait à son travail, à l'aéroport de Roissy, quand Elisa Pilarski l'a appelée. Elle lui a dit qu'il y avait des chiens autour d'elle et que Curtis tirait sur sa laisse. Entre 12h44 et 13h14, il lui a laissé huit messages. Dans l’un d’eux, il écrit à propos de son chien Curtis : "Je le fais piquer". Pourtant, face aux enquêteurs, Christophe Ellul est catégorique, Curtis est un chien de race croisée whippet-griffon et n'est pas considéré comme dangereux. "Il ne mord pas l'humain", assure-t-il.
Attaquée par une meute ?
Deux jours après la mort d'Elisa Pilarski, les gendarmes de la section de recherches de Soissons s’intéressent à cette meute de chiens décrite par Christophe Ellul. Une chasse à courre se tenait effectivement samedi en forêt de Retz, avec 21 chiens déployés dans les bois.
"Les enquêteurs vont notamment étudier le tapis de feuilles sur lequel le corps d'Elisa reposait lorsqu'il a été retrouvé. Dans leur analyse, ils vont se rendre compte que ce tapis de feuilles est resté globalement intact. Or, si une meute de 20 ou 30 chiens était passée à proximité du corps de la jeune femme, ce tapis de feuilles aurait été disparate", indique Matthias Tesson, journaliste à BFMTV auteur du livre « Un chien – l’affaire Curtis / Pilarski », co-écrit avec Olivier Darrioumerle.
Des prélèvements sont aussi effectués, mais aucun ADN de la jeune femme n'est détecté sur ces animaux. Et les morsures sur la victime ne correspondent pas à leurs mâchoires. En revanche, elles sont compatibles avec la dentition de Curtis. Il serait donc l'unique responsable de la mort d’Elisa Pilarski.
Un pitbull classé dangereux
Un expert comportementaliste canin décrit Curtis comme "un animal qui ne fait pas la différence entre un boudin de caoutchouc, les humains et les autres chiens". Pour le spécialiste, ce serait un pitbull classé dangereux. Un examen précise qu’il s’agit d’un American Pitbull Terrier importé illégalement des Pays-Bas. Curtis aurait été dressé au mordant - sauter, mordre un boudin suspendu -, une pratique interdite en France.
Mardi 11 février 2020, Christophe Ellul est à nouveau entendu. Il dit entraîner ses chiens de façon sportive. Sur une ancienne vidéo, on voit le compagnon d'Elisa Pilarski ordonner à Curtis de se jeter sur une corde accrochée à une branche d'arbre.
Mardi 20 août 2024, après plus de quatre ans d’enquête, le procureur de Soissons annonce le renvoi de Christophe Ellul devant le tribunal correctionnel. "On est quand même sur 7 circonstances aggravantes. Il importe un chien des Pays-Bas avec de faux papiers en sachant pertinemment que c'est un chien interdit sur le territoire français. Et il n'en importe pas qu'un mais deux, de la même portée. S'il ignore la dangerosité de ces chiens, pourquoi est-ce qu'il renvoi le frère de Curtis aux Pays-Bas ? Parce qu'il sait très bien que la justice va finir par lui tomber dessus", explique Maitre Xavier Terquerm, avocat de la mère et de l'oncle d’Elisa Pilarski.
Le juge note que Christophe Ellul a laissé seule sa compagne enceinte avec Curtis alors que celui-ci pouvait être agressif et menaçant. "L'ensemble des éléments semblent démontrer la véritable conscience du mis en examen du danger représenté par son chien", affirme le magistrat.
Les invités de "L'Heure du crime"
- Maitre Xavier Terquerm, avocat de la mère et de l'oncle d’Elisa Pilarski.
- Plana Radenovic, journaliste au service police-justice de RTL.
- Matthias Tesson, journaliste à BFMTV auteur du livre Un chien – l’affaire Curtis / Pilarski, co-écrit avec Olivier Darrioumerle.
