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Affaire Adrien Rompen : les mensonges de la rue de la Croix
PODCAST - "L'Heure du crime" revient sur l'affaire Adrien Rompen. Ce pompier professionnel, qui connaissait les gestes qui sauvent, voit succomber sous ses yeux son épouse après une chute dans un escalier, au printemps 2015, en Belgique. Le mari aurait-il quelque chose à se reprocher ? Véritable accident ou sombre féminicide ?
Charlène Grosdent a été victime d'un féminicide en Belgique en 2015.
Crédit : Etienne Villand
Mercredi 8 avril 2015, aux alentours de 19h00, les pompiers sont appelés en urgence au 5 rue de la Croix à Welkenraedt, en Belgique. L’homme qui les a appelés les connait bien. Adrien Rompen, 38 ans, est un enfant du pays, lui-même pompier professionnel, à Liège. Son épouse, Charlène Grosdent, 38 ans, vient de faire une lourde chute dans l'escalier. Elle respire encore, mais ne bouge pas.
Charlène Grosdent, entre la vie et la mort, est victime d'un choc cérébral tellement grave qu'elle est transférée vers un hôpital allemand, le Klinikum, à Aix-la-Chapelle. "Au boulot, elle avait déjà trébuché dans les escaliers, sur l'aspirateur aussi. Donc, on a cru à l'AVC, elle avait des signes avant-coureurs", déclare Berthe Deliège, la mère de Charlène Grosdent.
Au lendemain du drame, Adrien Rompen et les parents de Charlène, sont à l'hôpital. L'encéphalogramme de la victime est plat. Elle ne survivra pas. Samedi 11 avril, il est décidé de débrancher l'assistance cardio-respiratoire. Le mari est inconsolable. Vendredi 17 avril, le cercueil, alors en route vers le funérarium, est finalement redirigé vers la morgue.
L'incinération est bloquée sur ordre des autorités. Les proches ignorent alors que les médecins ont signalé des traces suspectes sur le corps, et même, qu'une autopsie a été demandée.
J'étais dans un état second, dans une rage folle
Adrien Rompen
Vendredi 24 avril 2015, deux semaines après la mort de Charlène Grosdent, les légistes allemands chargés d'examiner le cadavre, ne croient plus à une simple chute comme cause du décès. Celui-ci a bel et bien été causé par un manque d'oxygénation, probablement dû à une strangulation. Mais pas question d'alerter la famille. Et encore moins le mari sur lequel la police enquête très discrètement.
Mardi 23 juin, 9h00, deux mois et demi après le drame, Adrien Rompen est en garde à vue. Après huit heures de garde à vue, il explique qu'il avait, depuis deux mois, une maitresse. Une Luxembourgeoise, Sophie, 28 ans, juriste dont il était fou amoureux. Le 8 avril, il a annoncé à Charlène qu'il la quittait. Elle serait devenue folle. "J'ai attrapé son cou, je l'ai serré. J'étais dans un état second, dans une rage folle" dit-il.
Les policiers de Verviers ne se contentent pas du scénario servi par Adrien Rompen, parce qu'il n’a pas tout dit. Le jour du drame, il a échangé 688 SMS avec Sophie. Il écrit : "Je vais mettre de l'ordre dans ma vie. Je vais penser à moi". Avait-il tout préparé ? Après le drame, les amants se sont retrouvés. Alors que Charlène était entre la vie et la mort, le couple adultère a passé la nuit à l'hôtel, comme si de rien n’était.
Un homicide avec préméditation ?
Jeudi 19 octobre 2017, Adrien Rompen, 34 ans, comparait devant la chambre criminelle du tribunal correctionnel de Verviers, près de Liège. Si Rompen avait tout d’abord parlé d’un accident, il maintient désormais le scénario d'une violente dispute. "Oui, j'ai menti à tout le monde. J'étais perdu. Je savais que tout cela ne se terminerait pas bien", raconte l'accusé.
Les parents de Charlène ne croient pas non plus à un coup de folie. "Je pense qu'il a froidement éliminé sa femme parce qu'elle le gênait dans son nouveau projet de vie. Et qu'il ne voulait rien perdre de ce qu'il avait. Il n'était pas question pour lui de partager quoi que ce soit. Ça aurait été beaucoup plus facile pour la répartition du patrimoine, pour la gestion des enfants. Je pense que c'est un monsieur très tourné sur lui-même, narcissique, sans empathie", exprime Me Guy Uerlings, avocat des parents de Charlène Grosdent, invité de L'Heure du crime.
Après une semaine de procès, Adrien Rompen est condamné à vingt ans de prison pour homicide sans préméditation. Une peine qu'il purge aujourd'hui encore.
Les invités de "L'Heure du crime"
- Me Guy Uerlings, avocat des parents de Charlène Grosdent.
- Berthe Deliège, mère de Charlène Grosdent.
- Françoise Peiffer, journaliste indépendante en Belgique.
