Iris Coëtmen : le meurtre de cette jeune femme de 23 ans aurait-il pu être évité ?

Samedi 27 mai 2023, une jeune femme brune, en partie dénudée, est repêchée près du ponton de Saint-Guénaël, à Lanester, sur la côte du Morbihan. Le médecin qui constate le décès remarque immédiatement la présence de traces suspectes, témoignant d'une agression violente, sur le visage et sur le cou. Les policiers du commissariat de Lorient identifient rapidement la jeune victime comme étant Iris Coëtmen, 23 ans.

Les deux légistes indiquent qu'elle a "subi des actes sexuels récents ayant occasionné des lésions traumatiques", même si le viol n'est pas formellement confirmé à ce stade des investigations. Elle a été partiellement étranglée puisqu'elle respirait encore quand elle a été jetée à l'eau.

Une information judiciaire pour enlèvement suivi de meurtre est ouverte par le procureur de Lorient. Sur les images prises par une caméra de vidéosurveillance du bâtiment de la sous-préfecture, les enquêteurs de la PJ de Rennes repèrent Iris Coëtmen, fortement alcoolisée la nuit du drame. Elle est accompagnée de son beau-frère qui tente de l'aider à se redresser. C'est alors qu'il part s'allonger à quelques mètres d'elle et qu'un inconnu se jette sur la jeune femme. Il la pose sur son épaule comme on emporterait un sac, puis disparait dans l'obscurité.

Les policiers parviennent à identifier le suspect : il s'appelle Christophe Raule, 49 ans. En 2015, il a été condamné à neuf ans de prison aux assises du Morbihan pour un viol commis quatorze ans plus tôt à Lorient. Ce soir-là, il s'était attaqué à une jeune femme âgée de 21 ans. Il lui avait passé une cordelette autour du cou puis avait abusé d'elle dans un jardinet. Il est donc placé en garde-à-vue, mais dément avoir enlevé, violé et tué Iris Coëtmen, malgré des indices accablants comme sa présence sur les images de vidéosurveillance et son ADN sous les ongles de la victime. 

Examiné par un expert

Le suspect livre un premier scénario. Cette nuit-là, il a aperçu Iris ivre et effondrée. Il l'a relevée pour, affirme-t-il, "lui venir en aide" et l’a emmenée dans le fourgon. Quand il lui a demandé de partir, elle se serait énervée, l'aurait griffé en descendant de la camionnette. Pas de quoi convaincre les enquêteurs : Christophe Raule est mis en examen pour "enlèvement, homicide volontaire précédé ou accompagné de viol".

Mardi 8 octobre 2024, l'homme, encadré par des dizaines de policiers, le juge d'instruction et les avocats, est amené devant la sous-préfecture de Lorient pour une reconstitution. C'est ici qu'Iris Coëtmen a été emportée dans le fourgon blanc du suspect. "Il reste très calme, il est très coopératif. Il reproduit la façon dont il a soulevé Iris. "Il répond à toutes les questions", indique Pauline Decker, journaliste police/justice pour le quotidien Ouest-France à Lorient. "On va dire de lui qu'il a été très participatif, mais en difficulté lorsqu'il est mis face à ses contradictions. Il a d'ailleurs changé de version. Au départ, il disait avoir déposé Iris seule et entre temps il dit que quatre personnes seraient intervenues pour enlever Iris et l'aurait contraint à conduire la jeune femme jusqu'au fameux pont, non loin duquel son corps sera retrouvé le lendemain matin."

Lors de sa sortie de prison, en 2018, après sa première condamnation, aucun expert n'avait détecté une quelconque dangerosité chez l'intéressé, ni une possibilité de récidive. "C'est ce que concluait un dernier rapport daté de la mi-mai 2023, soit moins de quinze jours avant le passage à l'acte pour lequel M. Raule est mis en examen", avait précisé en juin 2023 le procureur de Lorient, Stéphane Kellenberger. "Ils se sont forcément trompés, après ce n'est pas une science exacte. On voit même des experts qui se contredisent", regrette Hervé Chambonnière, journaliste police/justice pour le quotidien Le Télégramme à Lorient.

La mère, la sœur aînée et les proches d'Iris Coëtmen attendent désormais la comparution aux assises du seul suspect, Christophe Raulé.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Pauline Decker, journaliste police/justice pour le quotidien Ouest-France à Lorient. 
- Hervé Chambonnière, journaliste police/justice pour le quotidien Le Télégramme à Lorient.

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