Un secrétaire d'État accusé de viols, une démission et un procès aux assises six ans plus tard : Georges Tron, 60 ans, sera jugé au côté de son ancienne adjointe à partir du mardi 12 décembre à Bobigny (Seine-Saint-Denis).
Georges Tron (Les Républicains) et Brigitte Gruel sont tous les deux accusés de viols et agressions sexuelles en réunion sur deux femmes de 20 ans leurs cadettes, Virginie Ettel et Éva Loubrieu. Accusations que les deux contestent formellement. Ils seront jugés pendant neuf jours devant les assises de Seine-Saint-Denis, le procès ayant été dépaysé hors de l'Essonne, où Georges Tron est élu de longue date : maire de Draveil depuis 1995, conseiller départemental LR et ancien député (1993-2010, 2011-2012).
"Je suis sans appréhension et j'espère que le procès servira à éclaircir des tas de choses qui auraient dû l'être depuis longtemps", a déclaré l'ancien secrétaire d'État à la Fonction publique (2010-2011).
Le scandale avait éclaté en mai 2011 : Georges Tron, alors membre du gouvernement Fillon, est accusé par deux anciennes employées municipales. Elles décrivent des massages sous couvert de réflexologie plantaire, dérapant vers des attouchements et des pénétrations digitales, entre 2007 et 2010. Le tout, disent-elles, avec la participation de l'adjointe à la Culture de l'époque, Brigitte Gruel. Les plaignantes disent avoir été incapables de s'opposer, tétanisées face à leur employeur. Georges Tron avait démissionné le 29 mai 2011. Il clame depuis son innocence et dénonce sans relâche un complot ourdi par ses adversaires d'extrême droite.
La crédibilité des accusés doit aussi être au centre du procès
Vincent Ollivier, avocat de Virginie Ettel
"Le fait qu'il y ait des décisions contraires démontre que le renvoi n'a pas été pris à la légère", estime Alexandre-M. Braun, qui représentera Éva Loubrieu avec sa consœur Éva Touboul. La cour d'appel avait souligné que cinq autres femmes avaient décrit dans les mêmes termes que les plaignantes les pratiques sexuelles de Georges Tron, seul ou avec son adjointe. Elle avait également considéré que les "dénégations absolues" des deux élus "suggèrent une volonté de dissimulation de leurs mœurs qui n'est pas en faveur de leur sincérité".
Pour Vincent Ollivier, avocat de Virginie Ettel, "on a essayé de les dénigrer", en mettant en doute "leur moralité et leur équilibre psychologique". "La crédibilité des accusés doit aussi être au centre du procès". Les parties civiles veulent aussi combattre "l'idée fausse que tout le monde se fait de ce dossier", en le réduisant à une histoire de "tripotage de pieds", insiste Alexandre-M. Braun. "C'est pas rigolo, c'est sordide", appuie Vincent Ollivier.
L'affaire arrive aux assises alors que plusieurs magistrats ont estimé qu'il n'y avait pas matière à juger le maire de Draveil et son adjointe. En 2013, deux juges d'instruction d'Évry avaient prononcé un non-lieu. L'année suivante, saisie par les plaignantes, la cour d'appel de Paris avait finalement renvoyé le dossier devant les assises, malgré la demande de non-lieu du parquet général.
Brigitte Gruel, la co-accusée, "conteste formellement les accusations portées à son encontre. Elle réaffirmera son innocence et défendra son honneur", selon son avocat, Frank Natali.
Georges Tron sera défendu par le ténor du barreau Éric Dupond-Moretti et son associé Antoine Vey. Ce dernier souligne qu'ils entendent non seulement "le faire acquitter", mais aussi "dire à l'opinion publique qu'il est innocent sur le plan juridique et moral". Le procès doit durer jusqu'au 22 décembre.
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