C'est la première fois qu'un génocidaire rwandais sera jugé en France. Un procès historique s'ouvre ce mardi 4 février devant les assises de Paris, près de 20 ans après le génocide au Rwanda. La France, souvent accusée d'avoir soutenu le régime génocidaire, juge un ancien officier rwandais pour son rôle dans ce drame. Pascal Simbikangwa, 54 ans, paraplégique et qui comparaîtra en fauteuil roulant, est jugé pour complicité de génocide et de crimes contre l'humanité, accusé d'avoir incité, organisé et aidé, notamment en organisant des barrages et en armant les miliciens qui les tenaient, les massacres qui firent quelque 800.000 morts en 100 jours, entre avril et juillet 1994.
L'ancien capitaine, passé dans la police secrète après l'accident qui l'a privé de l'usage de ses jambes en 1986, nie en bloc les faits, pour lesquels il risque la perpétuité. Le procès, exceptionnellement filmé pour l'Histoire, doit durer six à huit semaines. Après la sélection du jury, la première journée sera consacrée au résumé des accusations et au début de l'interrogatoire de CV de l'accusé.
Simbikangwa avait été
arrêté en octobre 2008 sur l'île française de Mayotte où il vivait sous
une autre identité, pour une affaire de trafic de faux papiers. Alors
qu'il était recherché par Interpol, la justice française a refusé son
extradition vers Kigali, comme elle l'a toujours fait, et le juge donc
elle-même aujourd'hui, en vertu d'accords avec le Tribunal pénal
international pour le Rwanda (TPIR).
Simbikangwa
reconnaît volontiers sa proximité avec le premier cercle du pouvoir
hutu, "l'akazu" (petite maison), dont de nombreux responsables ont été
condamnés pour leur rôle dans le génocide. Mais il réfute toute
implication dans les massacres et ses avocats, Alexandra Bourgeot et
Fabrice Epstein, dénoncent un dossier fragile où "les seules
accusations, ce sont des témoignages". La justice a d'ailleurs renoncé à
le poursuivre pour génocide, ne retenant que la complicité.
La complicité "n'est en rien une diminution de responsabilité", réplique Simon Foreman, avocat du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), pour qui Pascal Simbikangwa est "un rouage qui met en route la mécanique exécutée par d'autres". La cour entendra une trentaine de témoins rwandais sur les faits, dont par visioconférence certains détenus condamnés par le TPIR ou la justice rwandaise, et d'autres que la justice fera venir du Rwanda pour évoquer les événements dans la préfecture de Gisenyi, région d'origine de Simbikangwa (et de la famille Habyarimana) où il avait une ferme, et dans le quartier chic de Kigali où il habitait.
La défense dénonce un procès éminemment politico-diplomatique, alors que Kigali et Paris, accusé par les autorités rwandaises issues de l'ex-rébellion tutsi d'avoir soutenu les génocidaires, se sont rapprochés, après trois années de rupture des relations diplomatiques.
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