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Les enquêteurs retirent des bouteilles d'oxygène des égouts de Nice après "le casse du siècle" d'Albert Spaggiari.
Crédit : AFP
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15h. Comme tous les jeudis depuis son arrestation en octobre 1976, le "cerveau" du casse du siècle est escorté jusqu’au bureau du magistrat instructeur en charge de l'affaire. Richard Bouazis, son "petit juge" comme il aime à l’appeler. C’est la 17e fois qu’ils se voient. Ce sera la dernière. Cette fois-ci, Albert Spaggiari a des révélations à faire, l’escorte policière sort, la greffière suit. ils ne sont plus que 3 dans le bureau.
17h. Le cerveau a la main qui tremble, il fait chaud, l’ancien soldat de l’Indochine transpire et son avocat Jacques Peyrat le remarque : "Spaggiari s'est levé de sa chaise et a dit 'À propos Monsieur le juge, j'ai pour vous le plan des égouts que je vous avais promis (...) Ben attendez, bougez pas Monsieur le juge, je vais vous le montrer'", raconte l'avocat quelques heures plus tard au micro de RTL.
Dans cette archive diffusée dans le podcast Les Grandes Évasions, Me Peyrat poursuit : "Et il a fait le tour de son bureau ! Et en faisant le tour, il s'est retrouvé à ce moment-là devant la fenêtre. Et là ! Il l'a enjambée d'un seul coup d'un seul et il s'est jeté dans le vide."
Tous les flics sortaient en courant, à moitié à poil, la chemise sans cravate... Ils savaient plus où ils étaient !
Un Niçois, témoin de l'évasion d'Albert Spaggiari
On pourrait penser au saut du désespoir, mais pas du tout. L'évasion d'Albert Spaggiari est préparée, millimétrée. Un saut de 8 mètres. Fatal pour un mortel mais pas pour l’ancien parachutiste durant la guerre d'Indochine, qui par chance voit sa chute amortie par le toit d’une R6 couleur caramel qui stationnait en contrebas.
La scène se déroule sous le regard ahuri d’un passant, interrogé par RTL : "J'ai vu quelqu'un sauter du deuxième étage ! Puis tout d'un coup, je le vois monter sur une moto (...) Tous les flics sortaient en courant, à moitié à poil, la chemise sans cravate... Ils savaient plus où ils étaient !"
Une moto, pilotée par un ancien camarade de l'Indochine attendait Spaggiari au pied de la fenêtre. Elle avait déjà commencé à vrombir lorsque le malfaiteur transpirait dans le bureau du juge.
La silhouette féline de Spaggiari disparait à l’arrière de la moto de son complice dans les ruelles tortueuses de la vieille ville. Avec la même méthode utilisée lors du casse, détaillée sur un bout de papier qu’il avait laissé dans la salle des coffres : Ni armes, ni violence et sans haine.
Plus d’un millier de policiers sont mobilisés pour retrouver sa trace. Il est dans Nice, ils le savent, et des renforts sont déployés partout dans la ville, à la frontière avec l'Italie, les gares, les aéroports. Albert Spaggiari devient à ce moment-là l’homme le plus recherché de France.
"Dans les minutes qui ont suivi, tout de suite au tribunal, on refait tout l'environnement de Spaggiari, on essaie de faire des surveillances essentiellement techniques", explique Roger Nahon, qui est à l'époque jeune inspecteur de police judiciaire à Nice.
Sans succès. Les premiers moments de la cavale ne seront connus que 30 ans plus tard : la moto s'est engouffrée dans un parking sous-terrain, puis Spaggiari a ensuite plongé dans une voiture qui l'a conduit dans un appartement loué sous un faux nom depuis plus d’un mois par Audi, sa compagne de l'époque. Elle a même quitté Nice pour des "vacances en Afrique", histoire de ne pas éveiller les soupçons.
La suite est digne d’un roman d’Arsène Lupin. Spaggari reste plusieurs jours dans cet appartement à célébrer son évasion avec du champagne et des bons petits plats... avant d’être enfermé à l’aide de ses complices dans le coffre d’une Rolls-Royce.
Une voiture de luxe qui sera ensuite placée sur le train pour Paris. Gagnant le wagon restaurant pendant le voyage, Spaggiari quitte enfin Nice et s’envolera très vite vers l’Amérique latine... en ayant pris soin au préalable, d’envoyer un mandat de 5.000 francs au propriétaire de la R6 couleur caramel, sur laquelle il avait atterri après avoir sauté du bureau du juge.
S’en suivra une cavale de 12 ans, jusqu'à sa mort en Italie d’un cancer du foie et d’un poumon. En mai 1989, il avait écrit ce testament, sentant sa fin proche : "Quelle connerie, cette évasion, j’aurais mieux fait de rester tranquille à l’ombre (...) je revois encore la gueule de mon petit juge quand j'ai sauté par la fenêtre… Je l’aimais bien mon petit juge."
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