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Double infanticide à Drouville : "On ne peut pas dire que ce soit uniquement une question de vengeance", insiste l'avocate de la mère condamnée

PODCAST - Le 13 décembre 2024, Ingride Van Der Kellen est condamnée à 30 ans de réclusion criminelle pour le double meurtre de ses enfants à Drouville (Meurthe-et-Moselle) deux ans auparavant. Dans "Les Voix du crime", son avocate Me Sahra Amm revient sur le profil psychologique de sa cliente et ce qui a, selon elle, mené aux faits.

La cour d'appel de Nancy (illustration).
Crédit : Wikicommons/Bjoertvedt
113. Double infanticide à Drouville : être l'avocate d'une mère meurtrière et "défendre l'indéfendable"
00:28:17
Marie Zafimehy
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"Défendre l'indéfendable". Devant la cour d'assises de Nancy (Meurthe-et-Moselle), en décembre 2024, Maître Sara Amm sait qu'elle s'apprête un dossier compliqué. Depuis trois ans, elle défend Ingride Van Der Kellen, une mère accusée d'avoir tué ses deux enfants en bas âge. 

"C'est quand même l'infraction par excellence dans laquelle on se dit, vraiment, 'une mère ne peut pas faire ça à ses enfants'", décrit l'avocate dans Les Voix du crime. Pendant le procès, sont évoquées plusieurs hypothèses, dont celle de la vengeance. Le jour des faits, le mari d'Ingride Van Der Kellen lui avait annoncé qu'il voulait la quitter. Annonce à la suite de laquelle, elle l'avait agressé d'un coup de marteau avant de s'enfuir avec leurs deux enfants et de les tuer.

Pour Sahra Amm, le dossier est plus "complexe" que ce scénario présenté à la cour pendant le procès de sa cliente. "Je pense que si elle avait voulu véritablement se venger de son conjoint, il y avait d'autres manières de faire et que là, on est trop dans l'extrême. On ne peut pas dire que c'est uniquement une question de vengeance. Moi, ce que je pense véritablement, c'est qu'elle voulait mourir et qu'elle voulait les emporter avec elle dans la mort."

Je décide de plaider le fait qu'elle avait des fragilités et que personne ne lui a appris à être mère, puisqu'elle n'en a pas eu

Me Sara Amm

Le parcours d'Ingride Van Der Kellen est marqué par des carences affectives et des traumatismes. "C'est une personne qui est arrivée en France en 2013 pour ses études, parce qu'elle est en doctorat. Et en fait, on voit qu'elle fuit un petit peu une situation en Portugal dans laquelle elle a été frappée et abusée par son père. Sa mère l'a abandonnée à la naissance", explique Me Amm.

Un passé qui n'est pas sans conséquence sur son état psychologique. "On a quand même un climat dépressif chez elle. Il y a déjà eu des tentatives de suicide dans le passé, à l'adolescence, etc. Et aussi un problème avec l'alcool, avec des alcoolisations massives et des tentatives de suicide sous-alcool." En détention, Ingride Van Der Kellen tentera d'ailleurs de mettre fin à ses jours plusieurs fois. 

Seule, rédigeant sa thèse avec deux enfants en bas âge, ses fragilités ont, selon Me Amm, eu un impact plus concret sur son état psychologique. "Je décide de plaider le fait qu'elle avait des fragilités et que personne ne lui a appris à être mère, puisqu'elle n'en a pas eu. Que la dépression était trop forte, que l'isolement était trop fort, que l'addiction était trop forte. Et qu'il y a un moment où elle n'a plus réussi à faire face, mais que ça aurait pu se passer autrement."

C'est un dossier qui aurait pu être beaucoup moins grave

Me Sara Amm

Pourtant, les experts-psy sollicités dans le dossier n'ont pas trouvé de consensus. "C'est très compliqué d'apporter une conclusion générale à tout ça", regrette Me Amm. "Il y a vraiment débat parce que pour certains experts, il n'y a même pas la maladie."

Le 13 décembre 2024, Ingride Van Der Kellen est condamnée à une peine de 30 ans de réclusion criminelle, assortie de 15 ans de sûreté. Un verdict qu'elle accueille avec apaisement. "J'ai l'impression qu'elle est quand même un petit peu soulagée du poids du procès parce qu'elle avait vraiment peur notamment d'être confrontée au mal qu'elle a fait aux victimes", décrit Me Amm.

Aujourd'hui, Ingride Van Der Kellen est en détention, "toujours suivie", "toujours sous médicaments".  "C'est important, quand il y a une situation très difficile comme elle a pu la vivre, de savoir trouver de l'aide, conclut Me Amm. Parce que finalement, ce que je perçois, c'est que c'est un dossier qui aurait pu être beaucoup moins grave, un dossier correctionnel avec des violences mutuelles ou un divorce qui se complique. En fait, j'ai l'impression que la conclusion que je pourrais tirer, c'est que ça peut quand même arriver un peu à tout le monde".

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>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.

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