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Vue des sas de contrôle de la centrale de Clairvaux prise le 31 janvier 2006. La prison a aujourd'hui fermé.
Crédit : JACK GUEZ / AFP
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Il ne souhaite pas qu'on cite son nom. Ou tout autre élément qui permettrait de l'identifier. Trente-trois ans après la sanglante évasion de la centrale de Clairvaux, le 11 septembre 1992, l'un des détenus encore en vie à avoir participé à l'opération revient pour RTL sur les raisons personnelles qui l'ont poussé à tenter sa chance pour re-goûter à une liberté interdite.
"À l'époque, j’avais pris une peine qui était inacceptable. J'avais toujours dit (aux magistrats et surveillants, NDLR) que le jour où je pourrais leur chier dans les bottes, je le ferais", explique t-il. "Trois, peut-être quatre mois avant l'évasion, à Clairvaux, j’ai discuté avec un autre du groupe. Et dans la discussion, je lui ai dit : 'Si un jour il y a un truc, je pars'. Il m’a dit 'OK, d’accord'".
Le témoignage de cet ancien détenu a été recueilli dans le cadre du podcast RTL Les Grandes Évasions, dont un épisode revient en détail sur le déroulé de cette journée sanglante. Le Jour J, l'homme fait partie d'un commando de neuf détenus qui prennent en otage plusieurs surveillants avant de s'échapper. Un gardien et un prisonnier faisant partie du groupe s'entre-tuent devant la porte de l'établissement. Un autre est tué au moment de son interpellation. Les sept autres sont repris et condamnés à des peines entre 6 et 20 ans de réclusion à l'issue du procès qui s'est tenu en 1999 devant la cour d'Assises de l'Aube.
On me faisait une guerre personnelle. M'évader, c'était une vengeance
Un évadé de la centrale de Clairvaux en 1992
L'ancien évadé, aujourd'hui libre et qui a des "journées bien occupées", avoue n'avoir "ni fierté, ni regret, même si cela aurait été mieux que ça se passe autrement". "Le but, ce n'est jamais d'avoir des victimes", plaide t-il.
Selon lui, chacun avait une bonne raison de tenter sa chance. "C’était une association de circonstances car tout le monde y trouvait son compte, explique-t-il. On avait tous des longues peines, parfois des dizaines d'années. Alors on s'évadait et après, 'salut!'."
Il poursuit : "Mais à l’époque, j’ai bien fait de faire ce que j’ai fait parce que j’avais trop la rage. Cette peine que j'avais prise, ce n’était même plus du foutage de gueule. Je considérais qu'on me faisait une guerre personnelle. M'évader, c'était une vengeance. Bon, au final, ils m’ont plus niqué (sic) que moi je les ai niqués (sic) puisque ça coûté beaucoup d’années de prison", calcule celui qui a cumulé plusieurs décennies derrière les barreaux.
Si tu n'acceptes pas le risque, il ne faut pas venir
Un évadé de la centrale de Clairvaux en 1992
Le jour de l'évasion n'a pas été choisi par hasard, tout avait été précieusement préparé : "Une fois que le matos (les trois armes et les explosifs, NDLR) était là, le premier jour où le camion arriverait, ce serait ce jour-là", se souvient encore l'ancien fuyard qui a vu sa photo affichée sur tous les murs de France.
"Bien sûr qu’on avait des appréhensions. On savait qu’à tout moment, on pouvait se prendre une balle et que ce serait fini, comme c’est arrivé à (Rémy) Morard (le détenu mort dans un échange de tirs sur le parvis de la centrale, NDLR). On est dans une situation où on sait que, très vite, ça peut très mal se passer. Cela fait partie du jeu. Si tu ne l'acceptes pas, il ne faut pas venir", plaide notre interlocuteur qui dit n'avoir "plus aucun contact" avec les autres membres du groupe.
La liberté, c'est pas mal quand même...
Un évadé de la centrale de Clairvaux en 1992
"J’aurais préféré que ma cavale soit éternelle. Mais en étant rationnel, on a quasiment aucun moyen, on a tous les flics de France au cul, on sait que la probabilité de réussir est mince. Mais ça n’empêche pas d’essayer quand même", assume encore celui pour qui "tout ça c'est du passé".
L'ancien détenu de Clairvaux n'a eu "aucune tentation de replonger" à sa dernière sortie de prison. "La voyoucratie, c’est comme une carrière sportive : on sait qu’à un moment, il faut faire autre chose. Et puis, il y a de la lassitude aussi. On jour, on se réveille, ça n’a plus aucun intérêt. Et puis, je sentais que je n'avais plus ma place. Les choses avaient changé : la drogue, le chichon, les machins comme ça : pas pour moi", poursuit-il.
"La liberté ? Franchement, ouais, c’est pas mal quand même…", conclut l'ancien membre de l'évasion du 11 septembre 1992. Un jour auquel, il assure ne "jamais" repenser.
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