Le 36 quai des Orfèvres de nouveau dans la tourmente. "Des policiers et des anciens policiers" ont été placés en garde à vue par l'Inspection générale de la police nationale pour des "suspicions de fuite dans le cadre d'une enquête judiciaire", a indiqué le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve ce mercredi 4 février.
Le patron de la PJ parisienne, Bernard Petit, fait partie des personnes placées en garde à vue. Son bureau du 36 quai des Orfèvres a fait l'objet d'une perquisition. D'autres sont en cours au siège de l'Association nationale d'action sociale (Anas).
Parmi les quatre personnes placées en garde à vue dans les locaux de l'IGPN (police des polices), figurent, outre le patron de la PJ, son chef de cabinet, Richard Atlan, mais aussi Joaquin Masanet, responsable syndical policier en retraite proche de la gauche, actuellement président de l'Anas, des personnels de la place Beauvau, et un autre membre de l'Anas, détaché de la police nationale.
Les quatre gardés à vue sont soupçonnés d'avoir donné des informations de première main à l'ancien patron du GIGN Christian Prouteau avant sa garde à vue et pas seulement la date de son interpellation. Christian Prouteau avait été mis en examen le 9 octobre, au côté de "l'escroc des stars" Christophe Rocancourt, dans une affaire d'escroquerie et de corruption présumées.
"Lors de sa garde à vue, Christian Prouteau a dit qu'il était au courant qu'il allait être entendu. Ces propos ont poussé les deux juges d'instruction, Roger le Loire et Charlotte Bilger, chargés de cette affaire, à demander un réquisitoire supplétif pour violation du secret de l'enquête", a indiqué une source proche du dossier.
"L'enquête montre alors qu'il y a de très nombreux contacts téléphoniques la veille de la garde à vue de M. Prouteau et le lendemain entre l'ex-gendarme, le chef de la PJ et son chef de cabinet, ainsi qu'avec M. Masanet et un de ses proches", a-t-elle ajouté.
Christophe Rocancourt s'était rendu célèbre en se faisant passer dans les années 90 pour un héritier du milliardaire américain Rockefeller, arnaquant ainsi plusieurs stars de Hollywood. Il avait alors purgé cinq ans de prison aux Etats-Unis avant de revenir en France. En février 2012, il avait été condamné en France à 16 mois de prison, dont huit mois ferme, et 578.000 euros de dommages et intérêts pour abus de faiblesse au préjudice de la réalisatrice Catherine Breillat.
En octobre 2014, il avait été placé en garde à vue pour des faits d'escroquerie et de corruption. L'ancien patron de la PJ de Paris Bernard Petit avait lui aussi été interpellé par la PJ de Paris pour dissimulation d'activité et trafic d'influence passif. Dans cette affaire, Christophe Rocancourt est notamment soupçonné d'avoir tenté, contre paiement, de faire régulariser des situations administratives en lien avec des titres de séjour, auprès de la préfecture de police de Paris.
Ces soupçons doivent bien sûr être vérifiés. Mais après le limogeage de l'ex-patron de l'institution, Christian Flaesch, en décembre 2013, l'affaire du viol d'une touriste canadienne dans les locaux de la Brigade de Recherche et d'Intervention en avril dernier puis le vol de 52 kg de cocaïne par un policier de la Brigade des stups en juillet, la police judiciaire parisienne est de nouveau ébranlée.
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