Ils risquent jusqu'à cinq ans de prison. Une juge d'instruction de Grenoble a pris la décision exceptionnelle de renvoyer trois gendarmes devant le tribunal pour avoir laissé repartir un collègue ivre au volant de son véhicule à l'issue d'un après-midi festif dans un bar. Quelques instants plus tard, ce dernier, qui avait 2,54 grammes d'alcool dans le sang, avait percuté à grande vitesse un couple de retraités isérois à Bourgoin-Jallieu. Geneviève et Florencio Duron, âgés respectivement de 69 et 71 ans, avaient perdu la vie dans cet accident.
"Cette décision est exceptionnelle au regard de la qualité de ces personnes puisqu'il s'agit de gendarmes dont nous savons qu'ils sont au premier plan pour veiller à la sécurité de chacun d'entre nous", a réagi auprès de RTL maitre Hervé Gerbi, l'avocat grenoblois qui représente les enfants des époux Duron. "Ils ne devaient donc pas laisser un collègue prendre le volant avec 2,54 grammes d'alcool, avec tous les signes d'imprégnation alcoolique que cela représente. C'est une faute pénale", a-t-il poursuivi.
Une analyse partagée par la juge d'instruction. Cette dernière a estimé que "de par leur statut de militaire de la gendarmerie, ils avaient les ressources nécessaires pour comprendre que celui-ci (ndlr : le chauffard) ne pouvait prendre le volant sans courir et faire courir de risques majeurs en terme de sécurité routière et qu'ils devaient l'empêcher de prendre le volant . Ce que personne n'a fait en lui prenant les clés de son véhicule ou en contactant des supérieurs hiérarchiques ou les services de police".
On lui a donné un permis de tuer
Céline Duron, fille des victimes
Jugé en comparution immédiate le 28 février 2019 par le tribunal de Bourgoin-Jallieu, le chauffard, qui a depuis été radié de la gendarmerie, avait été condamné pour "homicides involontaires" à 18 mois de prison ferme. "C'est inadmissible. On lui a donné un permis de tuer", avait par ailleurs réagi Céline Duron, la fille des victimes, auprès de RTL.
Ses trois collègues, deux hommes de 43 et 38 ans et une femme de 39 ans, qui n'étaient pas en service le jour du drame, seront eux jugés pour "abstention volontaire d'empêcher un crime ou un délit contre l'intégrité d'une personne".