"C'était impensable pour moi de frapper une femme enceinte !" : Laura Rapp raconte l'enfer des violences conjugales

"J'ai failli être sur la longue liste des féminicides en 2018." Ainsi commence le récit douloureux de Laura Rapp. Cette année-là, dans la nuit du 16 au 17 avril, son mari tente de la tuer devant les yeux de leur fille de deux ans.

Dans La Prochaine sur la liste, un podcast RTL diffusé à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Laura Rapp raconte son calvaire de femme victime de violences conjugales. "Le premier coup est venu quand même assez rapidement, au bout de 4 à 5 mois [de relation]. Il est rentré de soirée alcoolisé et en fait, je n'ai pas compris ce qui s'est passé. Il m'a sauté dessus et il m'a giflé."

Elle se convainc que ce premier coup est un acte isolé : "J'ai remis beaucoup ça sur le dos de l'alcool, explique-t-elle. C'est la faute de l'alcool en fait. Non, c'était la faute de cet homme." Parallèlement à cette violence physique, une emprise s'installe au moment de leur emménagement. "Dès le premier soir, ça se passe mal, on se dispute et il m'a dit que j'allais apprendre à fermer ma gueule, que j'étais chez lui."

Je ne pourrais pas du tout quantifier le nombre d'actes de violence que j'ai eu enceinte, mais il y en a eu à plusieurs reprises

Laura Rapp

Viennent l'isolement et le dénigrement. "Les violences psychologiques, pareil, on est passé un cran, il y avait beaucoup d'humiliation, se remémore-t-elle. Beaucoup d'humiliation sur mon physique."

Les mois qui passent sont rythmés, les interventions de la police sur appel des voisins, les ruptures, les départs de Laura de l'appartement conjugal, puis ses retours dans l'espoir que l'homme qu'elle aime change. Les violences et l'emprise, elles, sont omniprésentes. Puis, elle tombe enceinte.

"La violence a repris, déclare-t-elle. Et là, je m'étais dit, c'est impensable de frapper une femme enceinte. Donc, le piège se referme sur moi. Je ne pourrais pas du tout quantifier le nombre d'actes de violence que j'ai eu enceinte, mais il y en a eu à plusieurs reprises. Et là, c'est vrai, quand vous êtes enceinte, vous êtes encore plus vulnérable et vous êtes totalement soumise."

Ce soir-là, les voisins m'ont sauvé la vie

Laura Rapp

Deux ans après, arrive la nuit fatidique. "Je vais dans la chambre de notre fille et j'ai à peine le temps de m'allonger, qu'il arrive, il me soulève, il m'écrase sur la table de chevet. Après, les seuls mots qu'il a eus envers moi, c'est 'je vais te tuer"". Son mari l'étrangle. 

"Forcément, ma fille s'est réveillée et j'ai cru que j'allais mourir sous ses yeux", se souvient-elle. Elle perd connaissance. "Et le miracle, c'est que les voisins ont frappé à la porte. C'est ce qui a fait arrêter la strangulation. Ce soir-là, les voisins m'ont sauvé la vie."

Lui est placé en garde à vue, mis en examen et placé en détention provisoire pour tentative de meurtre, puis relâché un an après. Un deuxième cauchemar puisqu'il se met à la rechercher. Laura se sent seule. "Je me suis dit, je peux compter que sur moi-même pour sauver ma vie et celle de ma fille". Finalement, son compagnon sera condamné à 8 ans de prison pour tentative de meurtre et déchu de ses droits parentaux.

>> La prochaine sur la liste, un podcast événement qui brise le silence. Anaïs Bouton y accueille des femmes qui ont frôlé la mort, ont failli être la prochaine sur la liste et qui aujourd’hui témoignent.

Si vous ou un(e) de vos proches êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919 numéro d'écoute gratuit et disponible 7j/7 24h/24. Pour toute situation d'urgence, un seul numéro : le 17.

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