"Ces unités sont une absurdité, un mensonge d'État entériné
par le Premier ministre". Déclaration virulente signée Jean-François
Forget, le secrétaire général de l'UFAP-Unsa Justice, premier syndicat de
l'administration pénitentiaire, en réaction à l'agression des deux surveillants pénitentiaires dans l'unité de prévention de la radicalisation (UPRAD) de la maison d'arrêt d'Osny (Val-d'Oise) dimanche 4 septembre. Des propos forts qui
en disent long sur les tensions autour de ces quartiers spéciaux.
Créées l'année dernière, ces unités de prévention de la
radicalisation (UPRAD) n'ont visiblement pas convaincu l'administration pénitentiaire. "Où est-ce
qu'on a vu qu'on rassemble tous les mauvais éléments de quatrième dans la même
classe au collège ? En détention c'est la même chose", explique Ahmed
El Hoummass, délégué syndical de la CGT Pénitentiaire. De plus, il semblerait que l'arrivée
six semaines auparavant de deux détenus fortement radicalisés ait joué un rôle dans
le cas de l'agression perpétrée par Bilal T. à Osny (Val-d'Oise)."Depuis
leur arrivée, les surveillants ont remarqué que les mentalités dans l'unité ont
changé. Certains sont davantage endoctrinés qu’avant", explique le représentant syndical interrogé par 20 minutes.
Il existe à ce jour quatre de ces unités en France : Fresnes (Val-de-Marne), Lille-Annoeullin (Nord), Fleury-Mérogis (Essonne) et enfin celle d'Osny (Val-d'Oise), théâtre de la violente agression de dimanche. "Ce genre d’événement survient également dans des détentions classiques" nuance la CGT Pénitentiaire dans un communiqué publié lundi 5 septembre. Ce qui n'empêche pas le syndicat de se montrer "perplexe" au sujet de l'efficacité de ces nouvelles structures de prise en charge des détenus radicalisés. "Nous soulignions déjà à l’époque notre crainte quant au regroupement de détenus ayant le même profil fanatique au sein d’une même structure, préférant l’isolement et la dispersion sur plusieurs sites, afin d’éviter que cela devienne une "carte de visite" pour le détenu". Ce qui est certain, c'est que les conditions de détention sont uniques pour les individus radicalisés. Cellules individuelles, salles de prières... Mais de là à charmer d'autres détenus ? C'est en tout cas dans ce sens que pense Ahmed El Hoummas, délégué CGT : "Avec ces unités dédiées, on permet au détenu d'avoir une identité carcérale. Il devient quelqu'un, acquiert de la notoriété. Les détenus qui veulent obtenir une cellule individuelle savent ce qui leur reste à faire".
Mais alors que faire de ces détenus radicalisés ? En les répartissant dans les quartiers "classiques", leur idéologie risque de déteindre sur les autres détenus. Selon Jean-François Forget, du syndicat Ufap-Unsa Justice, la réponse est simple : "Ces individus ne doivent pas se rencontrer, et il faut qu'il y ait au moins trois surveillants par détenu". Pour lui, exit les "programmes qui n'ont ni queue ni tête. Alors certes, depuis dimanche soir, des mesures ont été prises mais pour combien de jours ?". Seul l'avenir le dira.
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