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Affaire Marie-Christine Hodeau : l'effroyable meurtre d'une joggeuse tombée entre les griffes d'un récidiviste
PODCAST - "L'Heure du crime" revient sur l'enlèvement et la mort de la joggeuse Marie-Christine Hodeau, près de Fontainebleau, le 28 septembre 2009. La femme, séquestrée dans un coffre de voiture a donné l'alerte à la police, mais elle est introuvable depuis. Un suspect est aussitôt arrêté : il a déjà été condamné pour viol.
Croquis d'audience montrant Manuel Da Cruz, meurtrier présumé de Marie-Christine Hodeau, lors de son procès au Tribunal de grande instance d'Evry, le 08 novembre 2011.
Crédit : BENOIT PEYRUCQ / AFP
Lundi 28 septembre 2009, le centre opérationnel de la gendarmerie de l'Essonne reçoit un appel : "Au secours, on est en train de m'enlever", clame une femme au bout du fil qui se présente sous le nom de Marie-Christine Hodeau, 42 ans. Elle explique être enfermée dans le coffre d'une voiture. Mais au bout de deux minutes et 22 secondes, la communication s'arrête. Les recherches sont alors immédiatement déclenchées autour d'Oncy-sur-Ecole, lieu de l'enlèvement.
La Peugeot 106 grise, signalée par la victime, est localisée par l’hélicoptère de la gendarmerie à trente kilomètres de là, dans une grande propriété d'Echilleuses, dans le Loiret. Le propriétaire explique que la voiture est essentiellement utilisée par le gardien, un certain Manuel Ribeiro Da Cruz. Cet homme de 47 ans qui dément être le ravisseur de la joggeuse est interpellé et placé en garde-à-vue.
Pourtant, son profil intéresse au plus haut point les gendarmes. Il y a neuf ans, à la même période de l'année, le 10 octobre 2000, et dans le même coin, il a kidnappé et violé Morgane Vallée, treize ans. Il l'avait étranglée, puis elle avait réussi à le raisonner de la laisser vivante. Condamné à onze ans de prison, il était depuis deux ans en libération conditionnelle.
"Manifestement, il a été relâché trop tôt, mais légalement non parce que la loi a été appliquée, explique David Galtier, général d’armée, directeur de la police judiciaire de la gendarmerie à l'époque des faits. Je retiens à mon sens qu'il n'y a pas eu suffisamment de traitement médical en prison. La loi viendra corrigé cela. Il n'y avait pas eu de restrictions géographiques pour l'intéressé et il n'y avait pas non plus de pointage chez la gendarmerie. Ça fait beaucoup pour un prédateur sexuel."
Un scénario étrange
Devant le juge d'instruction d'Evry, Manuel Da Cruz fini par avouer. Il aiguille alors les gendarmes dans le secteur de Buthiers, à une quinzaine de kilomètres de Milly-la-Forêt. Marie-Christine Hodeau gît entièrement nue, dissimulée dans un trou sous des feuilles et des branchages. Les légistes indiquent qu'elle a été violée, puis étranglée.
L'homme dit avoir croisé par hasard la route de Marie-Christine Hodeau, puis lui a sauté dessus avant de l'enfermer dans le coffre. En roulant il l'a entendu livrer sa plaque d'immatriculation aux gendarmes. Fou de rage, il l'a attachée à un arbre, puis a abusé d'elle certifiant l'avoir laissée vivante. Il dit ensuite être retombé sur Marie-Christine Hodeau en voiture alors qu'elle s'était défaite de ses liens. Elle lui faisait des signes en croyant que c'était un automobiliste qui allait la sauver. C'est là qu'il l'aurait étranglée.
"C'est la seule version que l'on ait. Il y a un lieu où on retrouve le corps, et un lieu où on retrouve les cordelettes. Manifestement, il y a eu deux scènes différentes, souligne Me Damien Brossier, avocat de Manuel Da Cruz. Ce qu'il explique est peu vraisemblable, mais parfois c'est la vérité. Maintenant on a du mal à croire qu'il puisse laisser sa victime alors qu'il lui a mis la main dessus. Est-ce qu'on peut imaginer qu'il l'abandonne encore vivante ou alors est-ce que c'est lui qui, la maîtrisant, l'a déplacée d'un lieu à l'autre ? On ne le saura pas."
Mercredi 2 novembre 2011, Manuel da Cruz, 49 ans, comparait devant la cour d'assises de l'Essonne, à Evry. "Si elle n'avait pas appelé les gendarmes, je ne l'aurais peut-être pas tuée", glisse-t-il. Après une semaine de débats, Manuel da Cruz est condamné à la perpétuité, peine assortie de 22 ans de sûreté.
Les invités de "L'Heure du crime"
- Georges Brenier, journaliste police/justice chez TF1, a suivi cette affaire pour RTL.
- Me Damien Brossier, avocat à Evry (Essonne), avocat de Manuel Da Cruz.
- David Galtier, général d’armée, directeur du SDPJ (police judiciaire de la gendarmerie) à l'époque des faits et auteur du livre Mon combat contre le crime (avec Jean-Michel Verne) aux éditions Robert Laffont.