Près de deux ans après le début de l'affaire Delphine Jubillar, les juges d'instruction, en présence de son mari, seront à Cagnac-les-Mines (Tarn) pour tenter d'éclaircir le mystère autour de la disparition de la mère de famille, survenue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Son corps n'a jamais été retrouvé.
Avant la reconstitution, la justice n'est au courant que d'une seule chose au sujet de cette fameuse nuit. À 4h09 du matin, Cédric Jubillar a bien appelé les gendarmes pour signaler la disparition inquiétante de son épouse Delphine.
Tout le reste, de la soirée ou de la nuit, seul le suspect peut en parler. Le couple a deux enfants : la petite fille est un bébé et le petit garçon est âgé de 6 ans. L'enfant aîné a parlé d'une dispute vers 23h, des voisines ont entendu des cris peu après.
Plusieurs mystères sur le soir de la disparition de Delphine Jubillar pourraient bien être élucidés à l'occasion de cette reconstitution. Pour la justice, une paire de lunettes de la mère de famille, trouvées brisées, serait le signe d'une lutte entre le couple. Mais les lunettes auraient été cassées bien avant cette soirée.
Le podomètre du téléphone de Cédric est aussi un élément à charge. L'homme n'aurait pas cherché sa femme. Le podomètre se serait déclenché à la mise en marche du téléphone à 3h53. De 3h53 à 4h, il a fait 46 pas. Entre 4h et 5h, il en a effectué 255. Il a parcouru au total plus de 200 m dans une maison de 100 mètres carrés. Ça aussi ça se discute.
Un autre mystère entoure le téléphone de Delphine Jubillar. Il se serait activé plusieurs fois dans la nuit et ces activations nécessiteraient une action humaine selon les expertises. En septembre dernier, une dernière expertise a établi que le téléphone de la disparue est resté dans un périmètre proche du domicile. Pour l’accusation, c’est évident, Cédric Jubillar a gardé le téléphone et l’a activé. Mais le mari, comme toujours, nie.
Le couple était en instance de divorce au moment des faits. La belle infirmière reprochait plusieurs choses à son mari, notamment sa passion pour le tabac. Mais pour Cédric, Delphine est la femme de sa vie. Il aurait annoncé qu'en cas de départ de sa femme, l'époux tuerait sa femme sans qu'on puisse retrouver le corps. Un mot de colère lourdement interprété aujourd’hui.
Le mari de Delphine Jubillar a le mauvais rôle. Il est vu comme un homme taciturne, peu apprécié, marginal. Mais quand on s'intéresse à la procédure et le travail gigantesque des enquêteurs pour fermer les autres pistes possibles, on a l’impression que cela a été fait de façon systématique, comme des formalités.
Dans l'esprit de la justice, le seul suspect semble être et a toujours été Cédric Jubillar. Mais faute de corps, de preuves ou encore de scènes de crimes, l’accusation ne peut plus espérer que des aveux. Depuis 18 mois, Cédric Jubillar n'a pas craqué.