Le 7 juillet 1961, une habitante d’HLM dans la banlieue lyonnaise, découvre dans la cave le corps inerte et ensanglanté d'une petite fille. Sa gorge est tranchée. Il s’agit de la fille des bouchers, Dominique Bessard, 7 ans.
Les parents sont mis hors de cause, mais les doutes se tournent vers le commis de cuisine de la boucherie : Jean-Marie Deveaux. Aucun élément ne permet de l’inculper, mais son comportement interroge les enquêteurs. Le jeune homme de 19 ans est retrouvé évanoui à l’endroit où Dominique a été tuée. Il dit avoir été agressé par un inconnu. Deveaux finit par avouer qu’il a menti parce que les gens disent qu’il est l’assassin.
"Ce n’est pas un mythomane, mais il s’invente des histoires", avoue son avocat, Me André Soulier et invité de L'Heure du Crime.
Deux mois après le drame, le commis est réentendu par la police. Le commissaire le menace de le piquer avec un sérum de vérité. Une technique qui n’est pas autorisée en France. Deveaux prend peur et lance : "C’est moi qui ai tué Dominique !". "Il a peur de mourir, car la piqûre le fait syncoper, c’est pour ça qu’il ment", souligne Me André Soulier.
Son procès-verbal tient sur une page et demie. Deux heures, après avoir avoué, Deveaux explique au juge que les policiers l’ont forcé à dire cela. À l’heure du crime, le commis se trouvait en cuisine avec la mère de Dominique. Réentendue, cette dernière revient sur ses propos.
Son procès a lieu un an et demi plus tard. Personne ne l’épargne, Deveaux est condamné à 20 ans de prison. Derrière les barreaux, le commis ne va cesser de clamer son innocence. "Des témoins ont vu à l’heure du crime, un homme avec une tache de sang, traverser le parc derrière le bâtiment de la boucherie et la police n’a rien fait", souligne Me Soulier.
Alors que Deveaux est en prison, la cave dans laquelle a été tuée Dominique est de nouveau une scène de crime : un meurtre et une agression. En dépit de ces événements, la justice ne bouge pas.
L'avocat du condamné et un abbé ont déniché un vice de procédure. Cinq ans après la condamnation, un nouveau procès s’ouvre. Lors de ses aveux, Deveaux avait dit avoir frappé sa victime d'abord au ventre, mais c'est au cou qu'elle a été d’abord touchée certifient les légistes.
En septembre 1969, Jean-Marie Deveaux est acquitté. Il reçoit 125.000 francs d’indemnités pour ses huit années en prison. C’est le premier en France. "C’est grâce à lui que la loi est passée en 1970", avoue Me Dominique Inschauspé, invité de L'Heure du Crime.
- Me André Soulier, avocat au barreau de Lyon et avocat de Jean-Marie Deveaux.
- Me Dominique Inschauspé, avocat au barreau de Paris. Auteur de plusieurs livres sur la justice pénale dont : L’Erreur judiciaire et L’innocence judiciaire, publié aux éditions Puf.
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