Affaire Georges Hourdin : que s'est-il passé dans le huis clos de l'auberge aux cochons ?

Le lundi 29 septembre 2003, les gendarmes de la tranquille brigade de Verdun-sur-Garonne, dans le Tarn-et-Garonne, reçoivent la visite d'un résident local qui souhaite rester anonyme. Il affirme avoir des révélations à faire sur un crime commis il y a une dizaine d'années à l'auberge du Tail.

Selon lui, un homme nommé Georges Hourdin, a été tué par la propriétaire de l'auberge, Altobella Cappelleri. Le témoin décrit comment Hourdin, a été maltraité et battu, puis finalement tué d'un coup violent à la tête. Son corps aurait été jeté aux cochons, puis dissimulé dans un puits.

Les gendarmes, partagés entre la stupéfaction et l'incrédulité, ouvrent une enquête préliminaire sous la direction du parquet de Montauban. Ils découvrent que l'auberge, autrefois réputée, abrite effectivement une porcherie et un puits. Altobella Cappelleri, âgée de 63 ans, y vit avec certains de ses enfants.

Tout le monde avait peur d'elle

Les enquêteurs cherchent à confirmer l'existence de Georges Hourdin, la supposée victime. Le maire du village se rappelle un sans-abri ayant trouvé refuge à l'auberge. Après deux mois de recherches, ils identifient Georges Hourdin. Un homme de 66 ans, connu pour ivresse publique et qui a déjà séjourné en asile psychiatrique.

Claude, le fils aîné d'Altobella, témoigne auprès des gendarmes des abus infligés à Hourdin. Il semble même au bord des larmes, comme s'il était effrayé par sa mère.

"Elle fait peur à ses fils, mais aussi à ses frères et sœurs. Son fils expliquera que quand il était petit, les violences, dès qu'il a commencé à marcher, étaient presque journalières", se souvient Major Emmanuel Rodier ancien chef d’enquête adjoint, au micro de L'Heure du crime pour RTL. 

Le fils raconte que Georges Hourdin est arrivé à l'auberge dans les années 1990. Il est vite devenu l'homme à tout faire, mais aussi l'une de ses victimes. Altobella l'humiliait, le laissait nu en hiver et le nettoyait à l'eau glacée. Un soir, Altobella aurait annoncé à son fils avoir tué Georges. 

Elle m'a dit 'y a Georges dans la pièce du fond.... Je l'ai tué...' Elle a redit, 'Georges est mort ! J'ai tué Georges'

Altobella Cappeleri

Le corps était déjà froid et raide. À la demande de sa mère, il a transporté le corps à la porcherie, mais a nourri les cochons pour éviter qu'ils ne le dévorent. Le lendemain, Altobella a ordonné de jeter le corps dans le puisard. Trois mois plus tard, le cadavre est brûlé dans la cheminée.

En janvier 2005, Altobella Cappelleri est mise en examen pour séquestration suivie de la mort de Georges Hourdin. Elle nie les accusations. "Ce qui marque, c'est qu'on a un caddie de supermarché d'auditions dans ce dossier, donc c'est assez impressionnant en volume. Et on a une seule audition où on peut dire du bien d'elle ", se souvient Maître Virginie Beteille, avocate de la sœur de Georges Hourdin.  

Mercredi 29 septembre 2010, Altobella Cappeleri est condamnée à 20 ans de prison par la cour d'assises de la Haute-Garonne, à Toulouse. Cinq ans de plus que lors du premier procès. Les jurés ont retenu les mots de l'avocat général, assimilant la victime, Georges Hourdin, à "un esclave qui a fini en punching-ball agonisant". 

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Maître Virginie Beteille, avocate au barreau du Tarn-et-Garonne et avocate de la sœur de Georges Hourdin.  

 
- Major Emmanuel Rodier, ancien chef d’enquête adjoint à la Brigade de Verdun-Sur-Garonne.