Ce n'était pas un "déséquilibré", un "loup solitaire"... Avec les aveux d'Ayoub El Khazzani, après des mois de silence devant la justice française, les contours de l'attaque manquée dans un Thalys à l'été 2015 se dessinent. Le Monde s'est procuré les procès verbaux de sa cinquième audition. Le journal raconte dans son édition du lundi 19 décembre, que l'assaillant du train reliant Bruxelles à Paris le 21 août 2015 s'est décidé à parler et à raconter les étapes de son parcours, jusqu'au jour J de l'attaque manquée grâce à l'intervention de soldats américains.
Pourquoi ? Pour donner une "image de lui qui correspond", peut-on lire dans les colonnes du quotidien. "Je suis un vrai djihadiste, mais on ne massacre pas les femmes et les enfants. Je ne suis pas un massacreur. Je suis un noble combattant. Je suis un soldat", aurait-il expliqué devant les juges avant de raconter son parcours, de Syrie jusqu'à Bruxelles. Ce témoignage est d'autant plus précieux qu'il est le seul aussi expressif d'un terroriste lié à la cellule des attentats du 13 novembre à Paris.
Le ressortissant marocain de 27 ans a d'abord séjourné en Syrie. Période qui n'aurait duré que 6 jours - dont 4 à manier les kalachnikov - selon le quotidien. Une période suffisante pour marquer son esprit. C'est la destruction d'une mosquée par des Américains qui lui restera en tête. Il raconte que sur place, un de ses accompagnateurs a remarqué son émotion face au bâtiment en ruines. C'est alors qu'il lui explique : "Je lui ai dit que j’étais prêt à mourir, qu’il devait me considérer comme un objet et qu’il pouvait faire de moi ce qu’il voulait." Le projet de frapper directement sur le territoire des Occidentaux est alors en élaboration.
Bloqué en Turquie sur le chemin du retour, alors qu'on lui ordonne pour la discrétion de faire du "tourisme sur les rives du Bosphore", un contact va le rejoindre depuis la Syrie pour "faire la route". Il s'agit d'Abou Omar, plus connu en France sous l'identité d'Abdelhamid Abaaoud, longtemps présenté comme le "cerveau" des attaques de Paris et Saint-Denis en novembre 2015. Les deux complices aux ordres de l'État islamique vont alors faire une partie de la route ensemble pour se retrouver en Belgique, à Bruxelles.