INVITÉ RTL - Guerre en Ukraine : l'offensive en Russie est "une manière d'emmerder Poutine", selon le spécialiste Guillaume Ancel

La Russie ne s'y attendait pas. Il y a une semaine, l'Ukraine a lancé une offensive dans la région frontalière de Koursk en territoire russe. Elle a revendiqué lundi le contrôle de 1.000 kilomètres carrés, soit une trentaine de localités. 120.000 habitants ont été évacués. 

Pour Guillaume Ancel, ancien officier de l'armée française, écrivain et spécialiste des questions militaires, cette incursion de l'armée ukrainienne "est une manière d'emmerder Poutine" et "un défi lancé à son pouvoir". "Ce n'est pas avec ce raid que l'Ukraine va battre l'armée russe. Ce qu'ils veulent, c'est les battre sur le plan politique", poursuit-il.

En effet, les Ukrainiens sont mis à mal sur le front du Donbass où les Russes "avancent inexorablement au prix de pertes effrayantes", et "cette dynamique d'échec commençait à peser lourdement sur le moral des Ukrainiens", explique Guillaume Ancel.  Objectif donc : déstabiliser. Et la stratégie ukrainienne semble fonctionner puisque les Russes peinent à freiner l'avancée ukrainienne sur leur territoire. "Les Ukrainiens pensaient s'arrêter beaucoup plus tôt mais ils sont étonnés de l'incapacité du commandement russe à les stopper assez vite", indique le spécialiste. 

"Un traumatisme sans nom"

Si "bien évidemment, les Ukrainiens n'ont pas l'intention d'envahir la Russie", l'offensive met à mal Vladimir Poutine qui voulait "montrer que personne ne peut s'opposer à sa puissance destructrice" et qui se retrouve "en grande difficulté pour expliquer à sa propre population que la guerre s'est déplacée sur le territoire de la Russie". 

C'est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale que la Russie est envahie par un pays externe. Selon l'ancien officier, "c'est un traumatisme sans nom". Toutefois, "il ne faudrait pas que les Ukrainiens se retrouvent coupés de leur territoire d'origine", avance Guillaume Ancel, qui estime que "dans les jours suivants, les Russes vont ramener suffisamment de troupes pour les stopper et les Ukrainiens se replieront pour ne pas se retrouver face au rouleau compresseur" de la Russie.