Mehdi Jomaâ a échoué samedi 25 janvier à composer un gouvernement d'indépendants capable de résoudre la profonde crise politique minant la Tunisie depuis six mois et cela à la veille du vote d'adoption de la Constitution tunisienne, trois ans après la révolution. "Je
suis venu pour présenter la liste (des ministres), mais j'ai choisi de
ne pas le faire aujourd'hui pour aboutir à un consensus", a-t-il dit à
la presse après avoir rencontré le président Moncef Marzouki peu après
minuit (23h00 GMT).
"Peut-être que je serai chargé (de nouveau de former un cabinet), peut-être que ce sera une autre personne", a-t-il ajouté. Ce ministre sortant de l'Industrie avait été choisi en décembre par la classe politique, après de longues négociations, pour former un cabinet apolitique à même de conduire la Tunisie vers des élections en 2014 et de la sortir de la profonde crise provoquée par l'assassinat en juillet du député d'opposition, Mohamed Brahmi. Nommé formellement le 10 janvier, le délai de quinze jours pour composer son équipe expirait dimanche.
Selon
la législation en vigueur, "en cas d'échec de la formation du
gouvernement (...) le président de la république, après concertation
avec les partis, les coalitions et les groupes de l'Assemblée, désigne
la personnalité la plus apte de former un gouvernement". Dans l'intervalle, le Premier ministre sortant, l'islamiste Ali Larayedh, reste chargé de conduire les affaires courantes. Expliquant
son échec, Jomaâ a souligné que son "but est de trouver des
consensus, le dialogue se poursuit encore" entre les islamistes
d'Ennahda, majoritaires à l'Assemblée nationale constituante, leurs
alliés et leurs détracteurs. "Nous ne sommes pas loin de la solution, nous continuons encore les concertations", a déclaré Jomaâ.
Selon des médias et politiques tunisiens, le principal problème concerne l'identité du ministre de l'Intérieur. Certaines
forces, dont les islamistes d'Ennahda, majoritaires à l'Assemblée, et Jomaâ, militaient pour le maintien de Lotfi Ben Jeddou, en poste
depuis mars 2013.
D'autres estimaient qu'il devait quitter ses
fonctions car il a servi dans l'équipe sortante, dirigée par Ennahda, et
qu'il était en poste lors de l'assassinat de Mohamed Brahmi. L'annonce
de l'échec de Jomaâ intervient à la veille du vote d'adoption de la
future Constitution, en cours d'élaboration depuis plus de deux ans.
Les
élus reviendront dimanche matin devant l'assemblée constituante (ANC)
pour le vote d'adoption de la loi fondamentale, en cours d'élaboration
depuis plus de deux ans. Ils l'ont déjà approuvé article par
article du 3 au 23 janvier, si bien qu'elle devrait obtenir
l'assentiment de la majorité requise des deux tiers des 217 députés. Les
partis ont négocié, après moult disputes et controverses, des compromis
sur les articles problématiques, notamment ceux traitant de l'islam. En cas d'échec une seconde lecture sera nécessaire. Si elle échoue aussi, un référendum devrait avoir lieu.
La Constitution consacre un régime avec un exécutif bicéphale où le Premier ministre aura le rôle dominant mais où le chef de l'Etat dispose d'importantes prérogatives en matière de défense et de politique étrangères notamment. L'islam n'y a pas été inscrit comme source de droit, mais les références à la religion sont nombreuses, laissant une place importante à l'interprétation.
Sur le plan des droits humains, les grandes libertés y sont inscrites, même si des ONG de défense des droits de l'Homme s'inquiètent de dispositions souvent vagues. L'objectif de parité homme-femme dans les assemblées élues, une disposition exceptionnelle dans le monde arabe, y a été inclue. Pendant plus de deux ans, les travaux sur la Constitution ont été ralentis par la profonde méfiance entre les islamistes et leurs opposants ainsi qu'une succession de crises politiques.
La Tunisie,
berceau du Printemps arabe, a réussi à ne pas basculer jusqu'à présent
dans le chaos, mais sa stabilité reste minée par l'essor de groupes
jihadistes et par de profonds problèmes économiques et sociaux, déjà à
l'origine de la révolution de janvier 2011.
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