Syrie : faut-il prendre les menaces de frappes de Donald Trump au sérieux ?
Donald Trump a-t-il annoncé une opération militaire sur Twitter ? Le président américain a publié une série de messages qui laissent penser que les frappes en Syrie sont imminentes.

Dans l'un de ses tweets envoyés mercredi 11 avril, Donald Trump met en garde Moscou en ces termes : "Prépare-toi Russie, les missiles vont arriver, beaux, neufs et intelligents (...) Tu ne devrais pas être partenaire avec un animal qui tue avec du gaz, qui tue son peuple et qui aime ça".
"L'animal", c'est Assad, allié de la Russie. Au passage, Donald Trump fait exactement ce qu'il reprochait à ses prédécesseurs : prévenir à l'avance ses adversaires, alors qu'il faudrait les prendre par surprise.
Plus tard dans la journée, la porte-parole de la Maison Blanche a confirmé qu'il "tient la Syrie et la Russie responsables pour cette attaque avec des armes chimiques". Mais elle a ajouté : "Le président n'a pas établi de calendrier, et a d'autres options sont sur la table (...) La décision finale n'a pas été prise". Le secrétaire à la Défense a adopté aussi un ton moins va-t-en guerre.
Alors faut-il le prendre Trump au mot ? Il y a quelques mois, il a menacé de "détruire totalement" la Corée du Nord, et ça ne l'a pas empêché d'accepter finalement la main tendue par Kim Jong-Un. Donc ces tweets, est-ce une stratégie pour mettre la pression ou est-il vraiment décidé à frapper le régime syrien ?
Où, quand et comment ?
Si on se fie à ses tweets, la question n'est apparemment plus de savoir s'il va frapper, mais comment, où et quand ? Comment ? Les Américains agiraient-ils seuls ou en coordination avec les Français, et peut-être les Britanniques ? Est-ce que ce serait une frappe symbolique, comme il y a un an, ou au contraire l'opération viserait-elle à empêcher l'aviation syrienne de mener des bombardements ?
D'où la deuxième question : où ces frappes auraient-elles lieu ? Les Syriens ont abrité une partie de leurs avions et de leur armement sur une base russe. Mais les Occidentaux pourraient viser les pistes militaires syriennes.
Et ça nous amène à la troisième question : quand ? Car une telle mission nécessiterait une série de frappes, sur plusieurs jours. Les Américains et leurs alliés y sont-ils prêts ? Car plus la campagne de frappes serait large, plus les risques de victimes accidentelles seraient importantes. Des civils, bien entendu. Mais aussi des forces militaires présentes auprès des forces syriennes. Que se passerait-t-il si des militaires russes et iraniens étaient tués dans des bombardements ?