Vinci n'a peur ni des drones (il y a quelques jours, des drones ont été surpris en train de voler au-dessus du complexe aéroportuaire), et Vinci n'a pas peur non plus du Brexit. Au contraire, ça lui fait même faire de bonnes affaires !
Vinci a payé Gatwick 19 fois son résultat avant impôts (l'Ebitda). En comparaison, en moyenne, ces dernières années, on ne payait pas un aéroport 19 fois l'Ebitda, mais plutôt 22 fois 'quand on a vendu Nice) ou 29 fois (quand on a vendu London City). Ça signifie que la perspective du Brexit et de la chute d'activité que pourrait connaître la Grande Bretagne fait baisser les prix des grandes entreprises britanniques.
Gatwick est aussi très rentable car il n'a qu'une seule piste mais c'est la plus utilisée au monde avec 950 atterrissages ou décollages par jour, soit 50 par heure (et on pourrait monter encore à 60). Sachant que - c'est une réalité pour tout le secteur aéroportuaire - le trafic aérien est encore voué à doubler d'ici 2025.
Gatwick est une belle prise : c'est le deuxième aéroport de Londres derrière Heathrow, c'est vrai. Mais Heathrow est hypertrophié, avec 78 millions de passagers par an, soit quasiment 10 millions de plus que Roissy-Charles-de-Gaulle.
Le match vis-à-vis de la clientèle asiatique notamment se fait entre ces deux géants. Heathrow et Charles-de-Gaulle se disputent l'arrivée des touristes internationaux. Souvent, les avions se posent à Paris mais la clientèle repart aussitôt en Eurostar à Londres.
Gatwick, de son côté, a un atout essentiel : c'est le point de chute de la compagnie EasyJet. Du coup, il y a une activité récurrente et garantie, et une compagnie qui connaît une croissance continue de son trafic. En octobre, le britannique a annoncé une hausse de 14% du nombre de passagers avec des avions remplis à 92% en moyenne. C'est le succès de ce qu'on appelle les "city-breaks", des séjours courts en Europe.
Vinci gérera Gatwick, le hub d'EasyJet, mais aussi d'autres aéroports européens qui peuvent servir de destination finale à la compagnie orange. Vinci, c'est 46 aéroports dont ceux du Portugal par exemple ou de Belgrade, Belfast, Lyon, Nantes ou Quimper.
C'est en effet tout l'enjeu. C'est ce que les grands groupes de luxe appellent le "sixième continent". La galerie marchande est devenu l'El-Dorado pour les géants du luxe et de la cosmétique. 10% de croissance par an, des magasins neufs et chics (très loin des comptoirs ou l'on achetait des cigarettes à prix cassés).
La nouvelle clientèle asiatique, brésilienne, arabe ou russe a les moyens d'acheter des produits de luxe et souvent plus de temps pour flâner dans les allées de l'aéroport que Boulevard Haussmann ou Avenue Montaigne. Certains de ces touristes ne voient d'ailleurs que les magasins de duty-free quand ils viennent à Paris car ils sont en transit.
Les grandes marques de luxe y font des opérations commerciales et bichonnent cette clientèle qui a les moyens et qui est rassurée de faire ses courses dans un espace sécurisé. Pour un gestionnaires comme Vinci, les recettes d'un aéroport viennent à 50% du péage qu'il fait payer aux compagnies qui se posent et à 50% des commerces qui sont dans l'aérogare.
Et puis, Vinci, qui lorgne aussi sur la privatisation d'Aéroport de Paris (les 100 millions de passagers d'Orly et de Roissy), envoie aussi un message à l'État français en disant que si Paris s'endort, il va continuer à se développer ailleurs.
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