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Roumanie : le nouveau président est "Allemand"
Dimanche, les Roumains ont élu leur nouveau président, Klaus Iohannis, marquant ainsi leur désir de changement.
En choisissant dimanche 16 novembre l'"Allemand" Klaus Iohannis comme nouveau président, les Roumains ont exprimé leur soif de changement, mais la tâche s'annonce gigantesque pour le nouveau venu, qui dit vouloir éradiquer le fléau de la corruption dans cet ancien pays communiste.
Klaus Iohannis, issu de la petite minorité allemande, a recueilli 54,5% des voix selon les résultats partiels, infligeant un cinglant revers au Premier ministre social-démocrate, Victor Ponta, donné grand favori du scrutin par tous les sondages.
"J'appelle le Parlement à tenir sa parole et à rejeter dès mardi la loi sur l'amnistie et à donner son feu vert à toutes les demandes de poursuites formulées par le parquet anti-corruption" contre des élus, a lancé le nouveau chef de l'Etat, réitérant des promesses martelées tout au long de la campagne.
Rejet de la corruption
Les dizaines de milliers de Roumains descendus dans la rue entre les deux tours ont exprimé leur exaspération à l'égard d'une classe politique "corrompue" et encouragé le Parquet anti-corruption à continuer son travail contre ce fléau.
Depuis des mois, la majorité au Parlement bloque ces enquêtes sur de grandes affaires de corruption, dont celles visant des contrats onéreux octroyés aux géants EADS et Microsoft, en refusant de lever l'immunité de plusieurs élus sociaux-démocrates.
Bruxelles, qui surveille de près la réforme de la justice dans ce pays, a critiqué à plusieurs reprises le Parlement pour son entrave au travail des procureurs.
Les Roumains de l'étranger impliqués
Klaus Iohannis est une personnalité atypique sur la scène politique : allemand de souche, protestant dans un pays à près de 90% chrétien orthodoxe, allergique aux polémiques et mal à l'aise devant les caméras.
"Monsieur Iohannis sera confronté à une pression populaire énorme, les Roumains attendent son implication active dans tout ce qui représente l'Etat de droit", a jugé un politologue.
Pour un autre analyste, la victoire de Klaus Iohannis a représenté un "vote massif anti-Ponta", sur fond d'"irritation de l'opinion" devant le mépris des autorités à l'égard des trois millions de Roumains de la diaspora, dont des milliers ont été empêchés de voter.
"La ré-implication des Roumains de l'étranger est également un pas en avant. Car ils ne peuvent pas être achetés et ils connaissent une autre Europe", explique une professeur de politique publique.
Scrutin historique et crucial
Vingt-cinq ans après la chute du dictateur Ceausescu, le résultat est "historique" et représente "une victoire de la démocratie, une victoire du peuple contre le système dirigé par les partis politiques, dans leur propre intérêt", a indiqué un politologue.
Le scrutin était considéré comme crucial pour la Roumanie, pays le plus pauvre de l'Union européenne après la Bulgarie, mais aussi pour l'ensemble de la région d'Europe centrale, où la démocratie a subi des revers ces derniers temps, et où les tensions sont vives en raison de la crise ukrainienne.
"La Roumanie représente une exception positive, également par son choix d'un président membre d'une minorité ethnique", qui compte environ 36.000 membres sur une population totale de 20 millions de Roumains, a estimé ce politologue.
