J-13 avant l'élection présidentielle américaine. C'est à Eagle Pass, au Texas, que l'immigration a été le plus médiatisée par les candidats. Il faut dire que le gouverneur républicain Greg Abbott y a mis le paquet : une base militaire construite il y a quelques mois, des conteneurs collés les uns aux autres sur des kilomètres, un surplus de fil barbelé...
Mike, un habitant, conduit, le regard dissimulé derrière ses lunettes noires au moment où il montre ce qu'il appelle une "zone de guerre". "Les conteneurs ont été collés les uns aux autres sur des kilomètres (...) On ne peut pas entrer", explique-t-il au micro de RTL alors que des hommes en treillis, fusil d'assaut sur le torse, se trouvent tous les cinquante mètres.
Une base militaire a en effet été installée il y a quelques mois par le gouverneur du Texas. Elle accueille plusieurs milliers de soldats. "Regardez", indique Mike, "il y a des vêtements arrachés sur les barbelés. Quand ils [les migrants, ndlr] traversent, ça s'accroche. Ou ils sont trempés et veulent passer inaperçus, alors ils changent de vêtements qu'ils ont emmenés dans des sacs plastique".
En contrebas, une rangée de bouées orange flottent le long du fleuve sur 200 mètres. Elles ont été installées pour dissuader les migrants de passer à la nage. "Tout ceux qui foncent sur ces bouées peuvent se faire couper les jambes, les pieds parce qu'il y a des lames dessus", explique encore Mike. "Certains perdent beaucoup de sang. Il faut arrêter ce massacre !", insiste-t-il.
Anastasio vient de prendre dans ses mains un t-shirt de taille enfant maculé de sang. "Il y en a tellement qui meurent", déplore-t-il auprès de RTL. "Ces gens ont fui la misère et ils sont traités comme des animaux. Je ne voterai pas pour Trump mais pour Kamala Harris", assure-t-il. "Trump est un assassin".
Un sentiment de lassitude se fait aussi sentir chez les pompiers d'Eagle Pass, premiers à intervenir le long de la frontière pour éviter les noyades ou les déshydratations. Ils sont entre 100 et 300 à tenter la traversée chaque jour. Si l'on est loin des 1.500 il y a encore deux mois, l'officier Cardona et ses équipes sont à bout. "C'est le chaos", affirme-t-il à RTL.
"50 à 60 appels par jour, les morts qui s'accumulent, tous ces corps qu'on nous demande d'aller récupérer parce qu'ils se sont noyés... Des corps d'enfants, de bébés..." énumère-t-il. "Le plus jeune avait seulement un mois et faisait partie d'un groupe de douze corps retrouvés en même temps", raconte-t-il encore alors que l'alarme retentit une nouvelle fois et que le camion repart.
Mike est membre d'une association qui aide à l'identification des corps de migrants. Entre 560 et 700 ont été retrouvés tout le long de la frontière depuis le début de l'année. "Le vrai chiffre doit être trois fois plus élevé", estime une femme qui fait aussi partie de l'association. "Beaucoup ne sont pas retrouvés, d'autres sont en état de décomposition", ajoute Mike. "La peau est noire, quand on ouvre la housse, il y a une vapeur qui sort".
"L'après-midi, on arrête de travailler parce qu'il fait trop chaud et l'odeur devient vraiment insupportable", raconte encore la collègue de Mike. "Il y a des corps qui sont ici depuis plusieurs années et on essaie, avec les empreintes, de les identifier. On s'occupe actuellement d'un cadavre retrouvé en septembre 2020". Elle se bat pour faire enlever ne serait-ce que les barbelés accrochés ici sur plus de 100 kilomètres.
Un combat qui n'est pas du goût des militants de Donald Trump. Un gros pick-up est garé devant un garage. Sur le capot, l'inscription "Je crois en Dieu". Juste au-dessus, la tête souriante de Donald Trump. Cette voiture, c'est celle de Tom. Il explique à RTL qu'il a décidé d'assurer sa propre sécurité sur son terrain : "J'ai installé trois tours avec quatre caméras chacune pour traquer les migrants (...). J'ai aussi une arme dans mon pick-up". Tom faisait partie il y a encore mois de la police des frontières, la "border patrol". Il a décidé de la quitter de son propre gré : cela n'allait pas assez vite pour lui.
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