Comme des milliers d'autres, elle croyait se rendre aux États-Unis pour accomplir "rêve américain". En 2001, après avoir perdu son emploi d'analyste financière dans une Indonésie ravagée par la crise économique asiatique, Shandra Woworuntu, tout juste mère de famille, répond à une offre d'emploi temporaire dans un hôtel de Chicago. Elle se retrouvera au contraire prisonnière d'un réseau de traites d'êtres humains au cœur de la première puissance mondiale.
L'association Alliance
To End Slavery and Trafficking estime qu'entre 14.000 et 17.000 hommes,
femmes et enfants sont les cibles, chaque année, d'une traite d'êtres
humains aux États-Unis.
Armée d'un précieux visa de travail pour les Etats-Unis, Shandra Woworuntu quitte son pays et sa fille au printemps 2001, lui promettant de revenir au plus vite. "J'étais excitée, je croyais au rêve américain. J'allais gagner de l'argent et rentrer au bout de six mois", raconte-t-elle depuis Washington, où elle est aujourd'hui saine et sauve. Mais à peine le pied posé sur le sol américain, elle est cueillie à l'aéroport JFK de New-York et emmenée de force par un gang du crime organisé. "Ils m'ont mis un pistolet sur la tempe et j'ai uniquement pensé à sauver ma peau", murmure-t-elle.
Elle se souvient de sa première nuit à New-York, jetée dans un bordel avant d'être exploitée par plusieurs proxénètes, dont un Malaisien du nom de "Johnnie Wong", un Taïwanais parlant le cantonais, et un Américain. "J'ai peut-être été kidnappée, je ne sais plus exactement, je n'ai pensé qu'à survivre", lâche-t-elle, encore traumatisée. Ses compagnes d'infortune sont toutes des jeunes filles étrangères, dont deux autres Indonésiennes. A 25 ans à l'époque, elle est la plus âgée du groupe. La plupart sont encore adolescentes, la plus jeune n'a pas 12 ans, se rappelle Shandra Woworuntu.
La jeune femme est transportée d'un hôtel à un autre dans un mini-bus aux vitres teintées, enfermée dans des chambres aveugles et sous haute garde. Très vite, elle perd toute notion du temps et de l'espace. Ses geôliers lui disent qu'elle doit travailler pour rembourser "30.000 dollars de frais de recrutement". "Ce n'était pas le boulot qu'on m'avait promis", lance-t-elle sans sourire. Shandra ne sait pas combien de temps a duré sa captivité. Elle se rappelle simplement être arrivée aux États-Unis au printemps et s'être échappée la même année "quand il faisait froid".
Ce jour d'hiver, elle
profite d'une fenêtre de salle de bain pour sauter deux étages plus bas.
Sans papiers, elle dit avoir vécu des semaines dans la rue, sans
convaincre ni la police, ni les églises de l'enfer dont elle a réchappé. Shandra
Woworuntu est finalement recueillie par une association d'aide aux
victimes d'exploitation sexuelle, qui croit à son
histoire, semblable à des milliers d'autres.
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