Présidentielle en Croatie : le candidat socialiste Zoran Milanovic inflige une défaite cinglante à la droite

Sa victoire ne souffre d'aucune contestation. Avec plus de 74% des voix obtenues lors de ce second tour, le président croate Zoran Milanovic, socialiste aux accents populistes, a été réélu, ce dimanche 12 janvier, à la tête de la Croatie, pays aux prises avec le taux d'inflation le plus élevé de la zone euro, une corruption endémique et une pénurie de main-d'œuvre.

Avec cette victoire écrasante, il inflige un camouflet à Dragan Primorac et au parti de droite conservatrice HDZ qui dirige le gouvernement, mais qui ne récolte qu'à peine 26% des votes, selon des résultats officiels portant sur la quasi-totalité des bulletins dépouillés. 

Jamais, depuis 1991 et l'indépendance du pays, un candidat à la présidentielle n'avait obtenu un tel score. Zoran Milanovic avait déjà frôlé la victoire dès le premier tour, avec 49% des voix. Il est donc élu pour un deuxième mandat de cinq ans, dans un pays où le chef de l'État dispose de peu de pouvoirs, mais est perçu comme un vecteur de stabilité et un rouage garantissant le bon fonctionnement des institutions. 

"Croatie, merci !", a-t-il lancé à ses partisans rassemblés dans un centre d'art. "Je vois cette victoire comme une reconnaissance de mon travail durant ces cinq dernières années et un message de plébiscite du peuple croate adressé à ceux qui devraient l'entendre", a-t-il poursuivi, en référence au gouvernement.

Un "omnivore politique"

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Personnalité clé de la scène politique depuis près de deux décennies, Zoran Milanovic met régulièrement en cause les responsables européens. Dimanche, après avoir voté à Zagreb et exprimé sa confiance dans la victoire, il a à nouveau critiqué Bruxelles, selon lui, "à bien des égards autocratique et non représentatif".

Il avait notamment condamné l'invasion de l'Ukraine par la Russie, mais également critiqué le soutien militaire de l'Occident à Kiev, et s'affiche comme opposant notoire à un programme qui aurait vu des soldats croates aider à former les troupes ukrainiennes en Allemagne. Cela lui a valu des accusations de "marionnette prorusse" par le HDZ. "La défense de la démocratie ne consiste pas à dire à tous ceux qui ne pensent pas comme vous qu'ils “jouent pour la Russie”", a-t-il répondu dimanche.

"[Doran] Milanovic est une sorte d'omnivore politique", a expliqué l'analyste politique Zarko Puhovski : le président est largement considéré comme le "seul contrepoids, au moins symbolique, au gouvernement et au pouvoir de [Andrej] Plenkovic", le Premier ministre. 

La jeunesse frustrée

Si Zoran Milanovic a profité d'une cote de popularité qui n'a cessé de grimper, attirant ainsi les électeurs de droite, il a également pu compter sur le manque de charisme de son rival, Dragan Primorac, selon les critiques, qui lui auraient coûté le ralliement de la base du HDZ. 

À 59 ans, l'ancien ministre de l'Éducation et des sciences, de retour en politique après 15 ans d'absence, avait insisté sur le patriotisme et les valeurs familiales. "Avec mon programme, je voulais envoyer un message clair que la Croatie peut et mérite mieux", a-t-il déclaré à ses partisans dimanche soir, alors que les résultats officiels confirmaient sa défaite. "La Croatie a été et restera toujours ma priorité numéro un".

De leur côté, les jeunes Croates ont exprimé leur frustration face à l'absence dans la campagne de sujets qui les intéressent vraiment, comme le logement ou le niveau de vie des étudiants. "Nous les entendons [les hommes politiques] parler principalement de sujets anciens et recyclés. Ce qui est important pour les jeunes ne leur traverse même pas l'esprit", a expliqué Ivana Vuckovic, une étudiante de 20 ans.