Décès de Navalny : cette mort "dit la faiblesse du Kremlin", estime Emmanuel Macron

L'opposant russe Alexeï Navalny est mort en prison à l'âgé de 47 ans. "Le 16 février 2024, dans le centre pénitentiaire N°3, le prisonnier Navalny A.A. s'est senti mal après une promenade. (…) Les causes de la mort sont en train d'être établies", ont indiqué les services pénitentiaires ce vendredi. Les réactions au décès de l'opposant, qui purgeait une peine de 19 ans de prison pour "extrémisme", ont été nombreuses. 

Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine, a jugé que les accusations de la communauté internationale visant Moscou étaient "absolument inacceptables". "Il n'y a aucune information sur la cause du décès et pourtant de telles déclarations se succèdent", a-t-il également affirmé.

"Alexeï Navalny a payé de sa vie sa résistance à un système d'oppression. Sa mort en colonie pénitentiaire nous rappelle la réalité du régime de Vladimir Poutine", a pointé le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, qui a également présenté ses condoléances au nom de la France. 

Dans l'après-midi, le président de la République a aussi pris la parole. "Dans la Russie d’aujourd’hui, on met les esprits libres au goulag et on les y condamne à la mort. Colère et indignation. Je salue la mémoire d’Alexeï Navalny, son engagement, son courage. Pensées pour sa famille, ses proches et pour le peuple russe", a réagi le chef de l'État.

Pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky, présent à Berlin ce vendredi, Vladimir Poutine devrait "rendre des comptes pour ses crimes". Le dirigeant de l'Ukraine était présent dans la soirée à l'Élysée pour y rencontrer Emmanuel Macron. "La mort d'Alexeï Navalny dit la faiblesse du Kremlin et la peur de tout opposant", a déclaré le président français lors d'une conférence de presse. 

Ioulia Navalnaïa, épouse d'Alexeï Navalny, a aussi pris la parole en fin d'après-midi et a attaqué le chef du Kremlin. "Si c'est la vérité, je voudrais que Poutine, tout son personnel, tout son entourage, tout son gouvernement, ses amis, sachent qu'ils seront punis pour ce qu'ils ont fait à notre pays, à ma famille et à mon mari. Ils seront traduits en justice et ce jour viendra bientôt", a-t-elle réagi vendredi. Elle a également lancé "un appel" pour que Vladimir Poutine soit tenu "personnellement responsable de toutes les atrocités commises".

Allemagne, Royaume-Uni, Lettonie... les réactions des puissances européennes

Plusieurs pays européens ont d'ores et déjà mis en cause le gouvernement russe après le décès du célèbre opposant. Le pouvoir russe "porte une lourde responsabilité", a estimé la diplomatie norvégienne. Pour le président de la Lettonie, Alexeï Navalny "vient d'être brutalement assassiné par le Kremlin". "Cet homme était coupable d'avoir défié Vladimir Poutine (...) Il a été mis en prison, où il a séjourné dans des conditions épouvantables. Vladimir Poutine est responsable de tout cela", a réagi le dirigeant polonais Radoslaw Sikorski. 

En marge de sa rencontre avec Volodymyr Zelensky, le chancelier allemand Olaf Scholz s'est dit "attristé" par la mort de Navalny, qui a "payé son courage de sa vie". "C'est une terrible nouvelle. Plus farouche défenseur de la démocratie en Russie, Alexeï Navalny a fait preuve d'un incroyable courage toute sa vie. Mes pensées vont à son épouse et au peuple russe, pour qui c'est une immense tragédie", a déploré le Premier ministre britannique Rishi Sunak. 

Son homologue italienne, Giorgia Meloni, a également pris la parole. "La mort d'Alexeï Navalny, durant sa détention, est une nouvelle triste page qui représente un nouvel avertissement pour la communauté internationale", a affirmé la Première ministre dans un communiqué. "Nous espérons que pleine lumière sera faite sur cet événement inquiétant".

"La Russie est responsable", selon Blinken et Harris

Les États-Unis ont également réagi au décès du principal opposant à Vladimir Poutine. "La Russie est responsable", a déclaré Antony Blinken ce vendredi 16 février. Pour la vice-présidente américaine Kamala Harris, cette mort est "un nouveau signe de la brutalité" de Vladimir Poutine. "Peu importe l'histoire qu'ils raconteront, soyons clair: la Russie est responsable", a-t-elle poursuivi lors d'un discours à la Conférence de Munich. Le président américain Joe Biden a réagi en début de soirée. "Poutine est responsable de la mort de Navalny", a affirmé l'actuel locataire de la Maison Blanche.

Pour le chef de l'Otan Jens Stoltenberg, "tous les faits doivent être établis et la Russie doit répondre à de sérieuses questions". 

Sur X (ex-Twitter), le président du Conseil européen Charles Michel a ouvertement attaqué Moscou. "Alexeï Navalny s'est battu pour les valeurs de liberté et de démocratie. Pour ses idéaux, il a fait le sacrifice ultime. L'UE tient le régime russe pour seul responsable de cette mort tragique", a-t-il assuré. Le porte-parole du Kremlin a prévenu que Vladimir Poutine avait été informé de ce décès. 


Plusieurs autres figures d'opposition à Vladimir Poutine ont aussi pris la parole après ce décès d’Alexeï Navalny. "Poutine a échoué à tuer Navalny rapidement et secrètement en le faisant empoisonner et maintenant il l'a assassiné lentement et publiquement en prison", a estimé l’opposant au Kremlin et ancien champion du monde d'échecs Garry Kasparov. Pour l’ex-député d’opposition Dimitri Goudkov, "la mort d'Alexeï Navalny est un meurtre. Organisée par Poutine". Le prix Nobel russe de la paix 2021, Dmitri Mouratov, a qualifié de "meurtre" et de "nouvelle effrayante" le décès de l’opposant russe. 

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