Il était le favori, et il l'a fait. Sadiq Khan a été élu maire de Londres vendredi 6 mai et va ainsi diriger la capitale britannique pour les quatre prochaines années. Durant une campagne âpre et parfois nauséabonde, ce fils d'immigré pakistanais a été caricaturé et attaqué par son adversaire, le conservateur et fils de milliardaire Zac Goldsmith, sur sa religion. Car Sadiq Khan, 45 ans, est musulman, et il est ainsi devenu le premier maire musulman d'une grande capitale du monde occidental.
Ceci a attiré la curiosité des médias du monde entier, mais le député de Tooting, un quartier populaire du sud de Londres où il a grandi dans une cité HLM, ne peut se résumer à cet aspect de sa vie privée. S'il n'hésite jamais à revendiquer sa fierté d'être un fils d'immigré, il s'est surtout appuyé tout le long de sa campagne sur le sujet de "l'ascenseur social", dont il a pu bénéficier et dont il estime qu'il doit être relancé aujourd'hui.
Ville cosmopolite par excellence, dotée d'une grande diversité ethnique, Londres a plébiscité un des siens. Sadiq Khan est le cinquième d'une fratrie de huit enfants, avec un père chauffeur de bus dans les rues de la capitale durant 25 ans, et une mère costumière. Après une filière scientifique pour l'équivalant du baccalauréat anglais, il s'est lancé dans de fructueuses études de droit.
Khan s'est également engagé très tôt en politique, dès l'âge de 15 ans, et a gravi les échelons de la politique anglaise jusqu'à devenir ministre des transports pour Gordon Brown (travailliste) en 2009. Il a ainsi mis de côté sa carrière d'avocat dans le domaine des droits de l'Homme dès 2005 pour se consacrer entièrement à sa carrière politique, dans laquelle il donne une image d'élu proche du peuple.
Zac Goldsmith, 41 ans, rival conservateur de Sadiq Khan, a notamment accusé l'ancien avocat d'avoir fréquenté des extrémistes islamistes. Des attaques qui ont même été relayées par le Premier ministre David Cameron. Le chef d'État britannique a notamment expliqué qu'avec Goldsmith, Londres serait "protégée" de potentielles attaques terroristes, insinuant qu'avec Khan, ce ne serait pas le cas.
Khan n'a jamais véritablement contre-attaqué, gardant le cap de ses projets de campagne. Les excès du parti conservateur sur cette question ont peut-être même suffi à choquer l'opinion publique. Le candidat Goldsmith a en effet publié une tribune incendiaire, illustrée par une photo des attaques terroristes de 2005, demandant au Londoniens s'ils avaient envie de laisser la ville "entre les mains des travaillistes qui pensent que les terroristes sont leurs amis". Ce qui avait même embarrassé certaines personnalités du camp conservateur.
"Notre triste et ambiguë campagne nous a coûté la mairie de Londres, notre réputation et notre crédibilité sur les questions de racisme et de religion", a par exemple taclé Sayeeda Warsi, ancienne ministre conservatrice des Affaires étrangères (2012-2014).
Avec environ 225.000 ressortissants français qui y vivent, Londres serait une des plus grandes villes de France. Pour l'ensemble des 8,6 millions d'habitants de la capitale britannique, Sadiq Khan a 4 priorités. S'occuper de la crise du logement avec un prix des loyers qui s'est envolé lors de ces vingt dernières années.
Pour résoudre cela, il a annoncé durant la campagne qu'il souhaitait construire de nouveaux logements où les habitants de la ville seraient prioritaires pour y postuler. Il compte également geler le prix des transports en commun londoniens, relancer le marché du travail, et réduire la pollution en plantant notamment 2 millions d'arbres d'ici 2020, où encore rendre piétonne la fameuse Oxford Street, une des artères les plus populaires de la capitale anglaise.
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