Si le Monde parle ces jours-ci d'un papillon en particulier, c’est que c’est de saison : la belle dame fait escale en ce moment dans nos contrées. Et c’est une année faste, il y a en plein. Vous vous souvenez de ces nuages de sable jaune orangé qui ont coloré le ciel ces dernières semaines ? Le vent du Sahara n’a pas apporté que du sable, il a aussi porté les belles dames jusqu’à nous. On l'appelle aussi vanesse des chardons, c'est sa fleur de prédilection. Les anglo-saxons disent simplement Vanessa, ou "Painted Lady", la dame peinte.
C’est une toute petite bestiole : environ 5 cm d’envergure, pour même pas 200 milligrammes. "Son cerveau n’est pas plus gros qu’une tête d’épingle, dit le chercheur espagnol Gerard Talavera, en plus elle n’a aucune chance d’apprendre quoi que ce soit de ses collègues plus vieux et plus expérimentés. Et pourtant, elle entreprend chaque année une migration intercontinentale". Tout se passe à 1.000 km d’altitude, donc ça nous a longtemps échappé. Mais aujourd’hui, on sait.
La belle dame peut grimper jusqu’à 2.000 mètres au-dessus du sol, elle file à une vitesse de croisière de 15 km/h, mais avec des pointes à 50 km/h, par vent favorable. Ainsi, elle peut couvrir jusqu’à 500 km par jour, avec quelques pauses pour se nourrir. Pour se reproduire aussi, car le papillon adulte vit entre trois et cinq semaines.
Malgré son endurance hors norme, il lui faut quatre ou cinq générations pour accomplir l’ensemble de la migration printanière et à la fin, le cycle migratoire complet, aller-retour, c'est 15.000 kilomètres sur 8 à 10 générations. Autant dire que le cousin américain, le monarque, peut aller se rhabiller, ce feignant se contente d’un petit tour de 8000 kilomètres entre le Mexique et le Canada… La belle dame est tout simplement increvable, et tout terrain.
Et pourtant, elle risque sa peau tous les jours. Les prédateurs, le froid, le chaud... Pour ne pas se griller les ailes, parfois elle vole à l'envers. Il y a aussi les ratés du climat. Par exemple, s'il fait trop frais quand elle arrive en Europe, elle ne trouvera pas les bonnes plantes pour la ponte et la croissance des chenilles. Et si les vents changent de direction, elle peut carrément se perdre.
Et d’ailleurs, comment il arrive à s’orienter, ce papillon ? "On ne sait pas vraiment, dit Talavera. Par analogie avec le monarque, on suppose qu’il utilise une boussole magnétique"; Dans ces conditions, la traversée de la Méditerranée, c’est un sacré défi. 600 kilomètres de mer, sans relief pour se guider, sans pause pour souffler. Une partie du vol a lieu de nuit. "Les vents sont particulièrement critiques pour cette étape, disent les experts, c’est pour ça que la belle dame attend la brise idéale pour partir, un peu comme le surfeur attend la vague parfaite".
On apprend bien d’autres choses dans cet article du Monde. Que l’on trouve ces papillons jusqu’au Bénin et en Ethiopie. Que certaines années, ils déferlent chez nous par nuées entières. On découvre aussi que la belle dame ne voit que les ultraviolets, le bleu et le vert.
Nous, on peut savourer toutes ses couleurs, que les chercheurs espagnols expliquent ainsi: "Le jaune vient du sable du Sahara, l’ocre de l’Afrique tropicale, le blanc des pics enneigés des Alpes… Et si vous scrutez attentivement le revers de ses ailes, vous y découvrirez des éclats bleus : c’est le reflet de la Méditerranée".
La belle dame, monarque absolu… Article printanier et passionnant à lire sur le site du Monde.
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