"Tartgou-ha!" ("Ils l'ont déclenchée!"). C'est par ce cri de joie de son frère que Zohra Drif a appris, avec 24 heures de retard, le début de la guerre d'Algérie, dont elle allait devenir l'une des héroïnes.
Le 1er novembre 1954, peu après minuit, une trentaine d'attentats secouent l'Algérie, sous occupation française depuis 1830. Sept personnes meurent, dont un instituteur et un notable musulman, et la date rentre dans l'histoire de France comme la Toussaint rouge.
La veille, "il y avait une atmosphère très particulière dans toute l'Algérie, parmi les indigènes comme nous appelaient les Français", se souvient l'ancienne militante indépendantiste, aujourd'hui vice-présidente du Conseil de la Nation (Sénat). "Une très grande effervescence, avec le sentiment que quelque chose aller arriver".
Soixante ans après, la guerre d'Algérie reste encore la source de légitimité du pouvoir mais son influence tend à s'estomper. Les principaux dirigeants algériens, dont le président Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, qui fut ministre à 25 ans, sont des vétérans de cette guerre lancée le 1er novembre 1954.
La Toussaint rouge, qui va conduire en France à la chute de la IVe République, mettra fin à tout espoir de solution politique par le biais d'une égalité citoyenne entre Européens et "indigènes".
Le Front de Libération Nationale (FLN), mouvement nationaliste radical porté par de jeunes militants et reconnu en 1955 à la conférence de Bandung des Non-alignés, ne voulait rien d'autre que l'indépendance, finalement obtenue en 1962 au prix de centaines de milliers de morts. Il revendique 1,5 million de "martyrs". Les historiens français parlent de 500.000 morts.
"Une poignée d'hommes ont décidé de changer le cours de l'Histoire, après que les mouvements politiques, toutes tendances confondues, eurent épuisé tous les moyens de lutte", a rappelé vendredi Abdelaziz Bouteflika dans un message adressé aux Algériens.
Deux tiers des Français considèrent désormais que l'indépendance de l'Algérie a été "plutôt une bonne chose" pour l'Algérie" (68%), mais aussi "pour la France" (65%), selon un sondage Ifop diffusé vendredi à l'occasion du soixantième anniversaire du début du conflit.
Ils étaient respectivement 56% à le penser pour l'Algérie et 54% pour la France lors d'une précédente enquête en 1972.
Selon ce sondage, réalisé pour Le Monde et la Fondation Jean Jaurès, l'arrivée des Pieds noirs en France est pour une large majorité des Français (59% des citations) l'événement le plus marquant du conflit. Viennent ensuite "une guerre de libération pour un peuple colonisé", qui recueille 54% des citations, et "le retour du général de Gaulle au pouvoir" (41%), les interviewés ayant pu donner trois réponses.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte