Irak : la traque des derniers jihadistes français se poursuit
REPORTAGE - Libérée des terroristes il y a un an, la ville de Mossoul est toujours à la recherche des "fantômes de Daesh", parmi lesquels se trouveraient 400 Français.

C'est à Mossoul, ville irakienne libérée il y a un an, que des centaines de combattants de Daesh ont mené leur dernière lutte à mort contre l'armée. Parmi eux, des jihadistes français, hommes et femmes. Que sont-ils devenus? Comment savoir qui a été tué ? Qui est encore dans la nature ? RTL est parti sur leurs traces.
Départ à l'aube, en compagnie de la défense civile pour Mossoul Ouest. Nous traversons le Tigre sur un pont flottant. La vision de la vieille ville se rapproche et saisit. C'est un océan de ruines. Il n'y a plus rien. Plus de rues, plus de maisons. "Du jamais vu" depuis la Seconde guerre mondiale selon l'ONU. Mossoul Ouest a été rayée de la carte, soufflée par le torrent de bombes lancé par la coalition dans la bataille finale.
Un tag sur un mur nous avertit : "Bienvenue dans le cimetière de Daesh". Et c'est effectivement pour collecter des corps que nous sommes ici. Les pompiers s'engouffrent à l'intérieur d'une maison qui menace de s'écrouler. Il faut escalader des montagnes de gravats, enjamber une voiture calcinée. Un corps déjà bien décomposé se trouve juste derrière. Un homme recroquevillé sur le côté.
"Regardez son uniforme militaire, c'était un combattant de Daesh. On a trouvé 12 autres cadavres dans cette maison. Certains avec des ceintures explosives. Et 15 corps de femmes et d'enfants, là, dans la maison juste à côté, des partisans de Daesh". Le Major Saad jette le corps dans une sorte de grande housse à fermeture éclair.
1.300 cadavres de partisans de Daesh ramassés
Depuis le début du ramadan, ses hommes ont ramassé 1.300 corps dans les décombres en 20 jours. 1.300 corps de partisans de Daesh. Tous ces corps sont transportés dans un bateau puis en camion jusqu'à une fosse commune quelque part au milieu d'une vallée déserte près de Sahaji, à une heure de route de Mossoul.
Ces corps ne seront pour la plupart jamais identifiés. Car aujourd'hui la priorité des autorités c'est de se débarrasser d'un maximum de corps avant l'été pour éviter toute épidémie et puis pour que les habitants de Mossoul puissent un jour espérer retrouver leur maison.
Aucun test ADN réalisé sur les corps
La défense civile ne fait donc aucun test ADN. "Si l'on trouve des passeports, ce qui n'arrive presque jamais, on appelle les services de renseignement qui viennent voir le corps avant qu'on le jette à la benne". Voilà pour la version officielle, même si quelques minutes plus tôt, le major nous racontait avoir tout laissé sur place la veille par terre à côté des corps, dans un petit village : tous les papiers, y compris des passeports belges.
4 jihadistes français emprisonnés en Irak
Il y a certes beaucoup de morts mais certains jihadistes français ont été arrêtés. Officiellement, quatre sont dans
des geôles irakiennes : trois femmes et un homme.
Les autres sont morts, retenus dans des camps, ou alors se cachent quelque part, confirme le général Najim
Al Jabouri qui nous reçoit dans son bureau, au coeur du quartier général des
forces armées irakiennes. L'homme a dirigé la bataille de Mossoul et commande
aujourd'hui les opérations militaires dans la région.
Si je revoyais ces hommes, je les couperais en quatre
Mohamed, habitant de Mossoul évoquant les jihadistes français
"De ce que je sais des
services de renseignement, la plupart sont en fuite. Certains ont rejoint, la Syrie, la Turquie ou l'Afghanistan. Ils ont réussi à s'échapper d'Irak", confie-t-il.
Et ici à Mossoul tous les
habitants attendent clairement qu'on les capture, et
qu'on soit sans pitié avec ces Français.
Mohamed, rencontré devant une
petite épicerie de la vieille ville le confirme : "Les jihadistes français se
comportaient comme des voyous ici. Ils nous traitaient encore plus mal que la
police locale. Ils ont pris ma maison, ils ont tiré sur mon fils alors qu'il
cherchait du bois. Si je revoyais ces hommes, je les couperais en quatre".
Aujourd'hui, personne n'est
capable de dire combien sont précisément ces "fantômes de Daesh" toujours en
fuite. Mais selon nos informations, 400 Français seraient ainsi dans la nature.
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