"La guerre s'arrêtera quand chacun des deux camps estimera qu'il est vainqueur", assure Jean Lopez, "c'est-à-dire quand il aura quelque chose à montrer à ses opinions publiques". Pour ce spécialiste de l'histoire militaire russe et soviétique, qui publie L'ours et le renard, histoire immédiate de la guerre en Ukraine (éditions Perrin), avec Michel Goya, le conflit ukrainien n'est pas prêt de se terminer. "Cela semble difficile qu'il y ait un vainqueur dans l'absolu", insiste-t-il. "Pour l'instant, il n'y en a pas et c'est pour ça que la guerre ne va pas s'arrêter".
L'une des raisons à cette impasse tient en partie au manque de préparation de l'armée russe. "Il faut se préparer à la bonne guerre", estime Jean Lopez. "Quand la stratégie n'est pas raisonnable, l'armée ne peut pas faire grand chose". En outre, "Poutine a été mal informé. (...) Peut être aussi s'est-il auto-intoxiqué à force de dire que les Ukrainiens n'étaient pas une nation ?". Des Ukrainiens que les Russes ont clairement sous-estimés pour ce spécialiste, qui juge mauvaise la stratégie russe en Ukraine.
"(Les Russes) sont tombés sur un os', dit-il. "Ils ont fait une guerre pour laquelle ils ne s'étaient pas préparés. C'est juste le problème. On a affaire à une armée (...) qui est d'un modèle beaucoup trop petit pour entreprendre la conquête d'un pays qui est plus grand que la France, et dont la population est en armes. Vous avez un million d'Ukrainiens qui sont mobilisés aujourd'hui avec une volonté de se défendre farouche.(...) Au départ, je vous rappelle qu'il n'y avait que 120.000 militaires de l'armée de terre (russe) pour les attaquer. Ils se sont trompés. Le scénario qui a déclenché cette guerre n'est pas le bon".
Illustration de cette impasse entre forces russes et ukrainiennes : la sanglante bataille de Bakhmout, dans l'est du pays. "Ça a été une boucherie", dit Jean Lopez. "C'est une bataille qui a duré huit mois. C'est la durée de la bataille de Verdun". Le groupe paramilitaire Wagner a évalué mercredi le nombre des morts dans ses rangs à 20.000, dont 10.000 détenus recrutés dans les prisons russes. "20.000 morts, ça veut dire trois fois plus de blessés, 60.000 blessés, ça fait 80.000 pertes. C'est considérable".
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